SGRIZZI LUCIANO (1910-1994)
Claveciniste, pianiste, compositeur et musicologue italien, Luciano Sgrizzi est l'un des artisans du renouveau de la musique ancienne de son pays natal. Il voit le jour à Bologne le 30 octobre 1910 et commence à étudier la musique avec un de ses oncles, qui l'oriente vers le violon. Mais, dès l'âge de douze ans, il se tourne vers le piano et entre à l'Accademia filarmonica de Bologne, où il étudie aussi l'orgue, l'harmonie et la composition. À douze ans, il a déjà obtenu son diplôme de piano. Il travaille ensuite au Conservatoire de Parme, où il est, de 1927 à 1931, l'élève de Luigi Ferrari-Trecate avant de poursuivre ses études à Paris avec Albert Bertelin, Léonce de Saint-Martin (l'organiste de Notre-Dame de Paris) et Georges Migot (1934-1937). Il donne des récitals de piano en Italie, fait une tournée en Amérique latine, mais se consacre alors surtout à la composition. Il étudie également l'histoire et la littérature. À la déclaration de guerre, il refuse de regagner l'Italie fasciste et s'installe en Suisse. La musique l'attire de moins en moins, et c'est comme chroniqueur littéraire et rédacteur de feuilletons qu'il est engagé à la Radio suisse italienne, à Lugano, en 1948. Il y travaillera jusqu'en 1974. Il présente également des émissions musicales. Il revient alors vers le piano et joue en première audition de nombreuses œuvres de compositeurs suisses et italiens. La même année 1948, toujours en autodidacte, il aborde le clavecin, qui devient rapidement son instrument de prédilection. Il commence à se faire connaître sous ce nouveau visage et Edwin Loehrer, le chef de la Società cameristica di Lugano, l'engage pour faire des réalisations de musique ancienne (1958-1960). Comme claveciniste attitré de cet ensemble, il effectue ses premiers enregistrements et révèle une nouvelle approche de la musique italienne du xviiie siècle, marquée par une recherche d'authenticité et une exceptionnelle vitalité. Sa carrière de soliste se développe alors très rapidement, notamment en France et en Italie. Il est l'un des premiers, en dehors de Wanda Landowska, à jouer les sonates de Scarlatti au clavecin. Il exhume celles de Marcello, Paradisi et Albinoni. Il est aussi l'un des premiers à opérer un retour vers des instruments conformes à ceux du xviiie siècle. En 1965, il aborde le pianoforte et élargit ses investigations à la musique instrumentale du début du xixe siècle : il participe, avec Edwin Loehrer, à la redécouverte des Péchés de ma vieillesse de Rossini ; plus tard, il révèle les œuvres de Johann Schobert. En 1970, la perte de l'usage d'un œil ne l'empêche pas de poursuivre ses activités avec un rayonnement qui étonne tous ceux qui l'approchent. Il entreprend alors l'enregistrement intégral des sonates de Scarlatti et suit l'évolution de l'interprétation de la musique ancienne en se produisant avec l'Ensemble 415 de la violoniste Chiara Banchini. Il meurt à Monte-Carlo le 11 septembre 1994.
Ses travaux musicologiques vont de Monteverdi à Pergolèse. À une époque où la musique de ces compositeurs n'était éditée que de façon partielle et généralement dans des arrangements modernes, il a opéré un retour aux sources. Ses reconstitutions et réalisations ont marqué une génération de transition sans laquelle la vogue actuelle de la musique ancienne n'aurait pas connu un tel essor. Il a édité des madrigaux de Monteverdi et Caldara, Ercole amante de Cavalli et les sonates pour clavecin de Benedetto Marcello. Son œuvre de compositeur s'inscrit dans le prolongement de celle de Casella et de Respighi : Concerto pour piano et Trio à cordes (1935) ; Impressioni et Concerto pour orchestre (1936) ; suites pour orchestrePaesaggi et Suite napolitaine (1951), Suite belge (1952) ; Viottiana[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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