DÉCOSSE LUCIE (1981- )
En devenant championne olympique de judo, dans la catégorie des moins de 70 kg, aux Jeux de Londres en 2012, la Française Lucie Décosse a remporté le seul titre qui manquait à son palmarès. La majorité des techniciens la considèrent comme la plus brillante représentante du judo français de tous les temps, à la fois pour ses médailles et pour ses techniques spectaculaires.
Lucie Décosse est née le 6 août 1981 à Chaumont (Haute-Marne), d'une mère assistante sociale d'origine guyanaise et d'un père fonctionnaire de police. La future championne dira qu'elle est la synthèse de ses parents : « Comme ma mère, une guerrière, je suis accrocheuse. Comme mon père, je ne m'énerve jamais. » Elle grandit en région parisienne, commence le judo à six ans, à Écouen (Val-d'Oise), intègre le lycée sport-études d'Orléans à seize ans, se prépare à l'I.N.S.E.P. à partir de 1999. Elle mène dès lors de front carrière sportive et études – elle obtiendra plus tard un diplôme de technicien supérieur de l'information et de la communication.
Combattant dans la catégorie des moins de 63 kg, elle devient championne d'Europe en 2002. Sélectionnée pour les jeux Olympiques d'Athènes, en 2004, elle se classe septième de la compétition. L'année suivante, elle remporte son premier titre de championne du monde. Lucie Décosse s'affirme alors au plus haut niveau, proposant un judo spectaculaire. Toujours à la recherche du geste parfait, de la technique adéquate – attaque, contre, esquive... –, elle se montre en permanence une combattante féroce, une athlète exceptionnelle. De nouveau championne d'Europe en 2007 et en 2008, elle se présente en favorite aux jeux Olympiques de Pékin, en 2008. Mais elle est battue en finale par la Japonaise Ayumi Tanimoto. Aussi, sa médaille d'argent ne la satisfait pas.
Elle change de catégorie, « montant » en moins de 70 kg. Cette décision lui permet de ne plus s'astreindre à un régime drastique qui pouvait provoquer chez elle quelques sautes d'humeur. Elle travaille encore sa force, n'hésite pas à affronter des garçons pour se mettre en difficulté, se forge un « mental » d'acier avec son coach en équipe de France Larbi Benboudaoud, se transforme en guerrière sous la houlette de Serge Dyot, son entraîneur au Lagardère Paris Racing. Les victoires et les titres s'enchaînent : elle est championne du monde en 2010 et en 2011 ; elle ne perd pas plus d'un combat par an, quelle que soit la compétition (elle affiche 94 p. 100 de victoires en quatre ans).
Lucie Décosse aborde le tournoi olympique des Jeux de Londres, en 2012, déterminée et sereine. Ce 1er août, elle a rendez-vous avec l'histoire dans l'ExCel Arena bouillonnante. Ce jour-là, elle montre l'étendue de son talent, en utilisant la totalité des facettes du judo : elle est aussi bien capable d'infliger, en quart de finale, un ippon express, au bout de 10 secondes de combat, sur un uchi-mata (technique de hanche) parfait, à la Colombienne Yuri Alvear, championne du monde en 2009, que de faire monter les pénalités pour non-combativité infligées à la Sud-Coréenne Hwang Ye-sul en demi-finale. En finale, elle ne laisse pas la moindre chance à l'Allemande Kerstin Thiele, qu'elle domine par waza-ari en lui portant un o-uchi-gari (technique de jambe).
Durant toute sa carrière, Lucie Décosse a su à la fois imposer sa force tout en proposant un judo fait de panache, parfois fondé sur l'instinct. Dans un sport de plus en plus marqué par la force pure, même chez les femmes, elle a réussi à faire comprendre que la recherche du geste parfait et de l'élégance pouvait encore permettre de briguer les plus hautes récompenses, que dans l'expression « art martial », qui désigne le judo, il y a le mot « art ». Noriko Mizoguchi, une célèbre championne japonaise[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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