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FAURE LUCIE (1908-1977)

Lucie Meyer, née à Paris, descend d'une famille alsacienne qui a fui l'occupation allemande. En 1931, elle rencontre Edgar Faure, jeune avocat. C'est une attirance spontanée, réciproque et définitive. De leur mariage sont nées deux filles, Sylvie et Agnès, qui deviendront toutes deux psychanalystes.

Les grandes lignes de la vie de Lucie Faure peuvent se discerner dans sa prédilection pour les lettres, les arts et sa passion de connaître les êtres. Dès son adolescence, guidée par son oncle Julien Cain, elle lit avec avidité. Elle s'inscrit en Sorbonne, suit des cours d'histoire de l'art et, mettant ses dons en application, elle devient relieur d'art. Lucie Faure atteint rapidement une renommée internationale. C'est à elle que la Ville de Paris, en 1937, confie la reliure des Livres d'or qui seront offerts aux princesses d'Angleterre.

La guerre voit Lucie Faure à Alger, où son mari entre dans l'équipe du général de Gaulle ; elle est attachée au Commissariat des Affaires étrangères du Comité de libération nationale. Dès lors, son activité s'oriente vers une forme d'action culturelle et politique. Elle fonde l'Institut d'études slaves de l'université d'Alger ; mais une idée lui tient à cœur : créer une revue qui permette d'affirmer et de maintenir le rayonnement intellectuel de la France et, dans une optique résolument prospective, de traiter des problèmes d'actualité. Avec Robert Aron, en 1943, Lucie Faure crée la N.E.F. (Nouvelles Éditions françaises), qui fut la première revue éditée à Paris à la Libération et qu'elle n'a jamais cessé de diriger. La N.E.F. fut – et reste – sa revue, elle en choisissait les thèmes et les collaborateurs avec un rare bonheur. Elle a su discerner parmi les jeunes auteurs inédits ceux dont le talent lui semblait indiscutable : de Maurice Druon et Daninos à Jean Genet, pour ne citer qu'eux. La carrière de son mari, dont elle est « le » conseiller attentif et lucide et parfois le partenaire dialectique, va mettre en contact Lucie Faure avec les personnalités de la politique et les chefs d'État les plus illustres. Sans doute est-elle la seule femme qui ait rencontré Adenauer, Winston Churchill, Eden, Eisenhower, Erhard, Kennedy, Mac Millan aussi bien que Boulganine, Bourguiba, Zhou Enlai, Khrouchtchev, Mao Zedong, Nasser, le roi du Maroc, Nehru, l'empereur d'Éthiopie, les papes Pie XII, Jean XXIII et Paul VI... Lucie Faure, observateur aigu et attentif, puise dans ces contacts et voyages des informations directes et sûres. Ainsi elle consigne ses réflexions dans Le Journal d'un voyage en Chine, qui ouvre sa carrière littéraire en 1958. Mais les êtres la passionnent et ce sont, maintenant, la connaissance et l'exploration de l'âme humaine qui vont susciter et inspirer son œuvre : le roman psychologique. Lucie Faure choisit de traiter des sujets délicats voire durs ; elle les traite en profondeur, refusant toute facilité, allant jusqu'à consulter des spécialistes (médecins, psychanalystes, scientifiques) pour ne pas risquer un vocabulaire erroné ou approximatif.

Après Les Passions indécises (1961), Les Filles du Calvaire (1963, prix Sévigné 1964), Les Variations sur l'imposture, nouvelles (1965), L'Autre Personne (1968, prix Sainte-Beuve), Le Malheur fou (1970, prix d'Honneur), Les Bons Enfants (1972), Mardi à l'aube (1974), Un crime si juste (1976), enfin un recueil de nouvelles, Les Destins ambigus (1978). Une de ses nouvelles, « Fanny », tirée des Variations sur l'imposture, a été filmée sous le titre La Bien-Aimée et Le Malheur fou a été porté à l'écran sous le titre Folies bourgeoises.

— Juliette M. TURLAN

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Écrit par

  • : professeur des facultés de droit et à l'université de droit, d'économie et de sciences sociales de Paris

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