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COSTA LÚCIO (1902-1998)

Lúcio Costa est mort le 13 juin 1998 à Rio de Janeiro. Concepteur de Brasília, il restera comme l'un des protagonistes de l'urbanisme moderne.

Né à Toulon en 1902, émigré au Brésil en 1918, il est, dès 1930, directeur de l'école des Beaux-Arts de Rio, où il invite à enseigner de jeunes architectes novateurs, notamment Gregori Warchavchik, qui a réalisé en 1927 la première œuvre moderne au Brésil, la Villa Mariana, et qui, depuis 1929, est le délégué pour l'Amérique latine des Congrès internationaux d'architecture moderne (C.I.A.M.) ; mais ils sont rapidement évincés pour des raisons doctrinales. Costa s'associe alors à Warchavchik pour construire les maisons Schwartz et Duarte Coelho et la cité ouvrière de Gambôa, à Rio. Puis il s'établit à son compte avec des collaborateurs occasionnels, dont Oscar Niemeyer.

En 1935, le projet qui a été retenu par le jury du concours pour le nouveau ministère de l'Éducation et de la Santé est refusé par Gustavo Capanema, ministre du gouvernement Vargas, qui confie à Costa la coordination d'une équipe de jeunes professionnels auteurs de propositions rationalistes (C. Leão, J. Moreira, O. Niemeyer, A. Reidy et E. Vasconcelos). Le Corbusier, que le ministre invite à venir travailler quelques semaines à Rio, est consulté pour le projet.

La contribution de celui-ci (dont Niemeyer dira ensuite avoir « tropicalisé » l'enseignement) est fondamentale. Costa reconnaîtra avoir « projeté et bâti [ce ministère] comme une contribution spontanée des Brésiliens à la consécration des solutions pratiques et des principes doctrinaires créés et établis par cet esprit génial ». Libéré du sol par de hauts pilotis, doté d'une ossature porteuse indépendante des parois, l'édifice est muni de vastes pans de verre que masque, pour la première fois à grande échelle, un écran général de profonds brise-soleil. Il sera achevé en 1943.

En 1937, Costa dessine avec Niemeyer le pavillon du Brésil pour l'Exposition universelle de New York de 1939, édifice d'une grande liberté formelle ; puis il mène des études sur les matériaux et l'architecture traditionnelle luso-américaine, dont on trouve l'écho dans le Park Hotel São Clemente, à Friburgo (1944).

Après la Seconde Guerre mondiale, Costa se fait le défenseur du sensualisme de la nouvelle école brésilienne. Il célèbre « la qualité plastique de l'œuvre architecturale et son contenu lyrique et passionnel ». Il construit à Rio l'ensemble résidentiel du Parque Guinle (1948-1954).

Membre en 1952 de la commission qui doit choisir le projet pour le siège de l'U.N.E.S.C.O. à Paris (avec Le Corbusier, W. Gropius, S. Markelius et E. N. Rogers), il élabore en 1953 un premier projet pour la Maison du Brésil à la Cité universitaire de Paris, modifié ensuite par Le Corbusier.

En 1955, le nouveau président, Juscelino Kubitschek (ami de longue date de Niemeyer), et la société Novacap (dont Niemeyer est l'architecte) lancent la nouvelle capitale, Brasília. Établie sur les hauts plateaux de l'État de Goias, elle doit être impérativement inaugurée le 21 avril 1960. Costa remporte en mars 1957 le concours pour le plan directeur avec un croquis à main levée accompagné d'une simple note. Ce plan est né « du geste premier de celui qui désigne un site ou en prend possession : deux axes se croisant à angle droit », et affecte la forme d'un oiseau tourné vers l'est. Nourri de la théorie du zoning telle que l'a développée la Charte d'Athènes, Costa applique « les principes les plus généreux de la technique routière, y compris la suppression des croisements » et prévoit un long axe monumental où s'élèveront les édifices publics – ministères, palais de la présidence et assemblées (tous confiés à Niemeyer). Dans les deux ailes transversales, une succession de quartiers résidentiels de plan carré[...]

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