FONTANA LUCIO (1899-1968)
Un mot, à la fois simple et immense, résume ce que fut et ce que fit Lucio Fontana : espace. Le nom même de l'artiste italien évoque, de manière allusive, l'ouverture lumineuse que serait, par la grâce d'une traduction approximative, una Fontana di Luce, une fontaine de lumière. L'espace sera le thème presque unique de ses recherches artistiques, son obsession. Espace sera aussi le but assigné à un mouvement artistique, créé par Lucio Fontana, le bien nommé spatialisme qui se développera entre 1947 et 1952, principalement à Milan. Pourtant, l'espagnol, et non l'italien, est sa première langue de référence, langue du pays qui le vit naître. Pays des grands espaces, l'Argentine constitue avec l'Italie un des deux pôles entre lesquels se dessine la ligne de tension de cet artiste partagé entre des horizons tour à tour proches et lointains.
Entre figuration et abstraction
Né le 19 février 1899 à Rosario, dans l'extrême sud de la province de Santa Fe, Lucio Fontana est fils de Luigi, immigré italien, sculpteur installé en Argentine depuis une dizaine d'années et de Lucia, née Bottino, italienne elle aussi et comédienne. À six ans, son père le ramène à Milan pour y suivre sa scolarité. Il entame son apprentissage artistique dans l'atelier paternel. La Première Guerre mondiale interrompt ses activités. Engagé volontaire, blessé puis médaillé, il reprend ensuite ses études avant de retourner, en 1921, dans sa ville natale. Il y reste sept ans, au cours desquels il ouvre son propre atelier et s'initie à la sculpture. Il participe à l'érection d'un monument funéraire dédiée à Juana Blanco, la madone des enfants pauvres ; c'est là sa première œuvre connue. La sculpture, manifestement sous influence des formes opulentes de Maillol, se trouve dans le cimetière de Salvador, à Rosario. L'intermède du retour au pays s'achève ainsi sur une note éthico-esthétique.
De retour à Milan en 1928, Fontana s'inscrit au cours qu'Adolfo Wildt dispense à l'Académie de Brera. Dans les années 1930, ses premières expositions révèlent des sculptures, la plupart en terre cuite, qui se détachent peu à peu de la figuration pour s'orienter vers l'abstraction, neutre ou colorée. Il entame parallèlement une activité de céramiste à Albisola qu'il poursuivra en France à la manufacture de Sèvres. À cette occasion, il croise le mouvement Abstraction-Création, fondé par Auguste Herbin et Georges Vantongerloo et animé, entre autres, par Jean Hélion, Hans Arp, Albert Gleizes, František Kupka. Il prend ainsi connaissance des principes hérités de Cercle et Carré, sans que cela ait une conséquence immédiate sur sa propre trajectoire. Il faudra attendre une autre tension, d'abord géométrique entre figuration et abstraction, puis géographique avec un nouvel aller-retour entre Italie et Argentine, avant que Fontana ne crée le mouvement spatialiste, auquel il est maintenant identifié. Les années 1930, en pleine période mussolinienne, ne favorisent guère les recherches artistiques.
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Écrit par
- Hervé GAUVILLE : critique d'art, écrivain
Classification
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