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GEYMONAT LUDOVICO (1908-1991)

Formé au contact direct de philosophes, tels A. Pastore et E. Juvalta, et de mathématiciens, tels G. Peano et G. Fubini, Ludovico Geymonat a passé ses diplômes de philosophie (1930) et de mathématiques (1932) à l'université de Turin. Publiée en 1931, sa thèse (Il Problema della conoscenza nel positivismo) critique ouvertement le néo-idéalisme de B. Croce et de G. Gentile et défend la pleine valeur culturelle (et philosophique) de la science comme la validité du positivisme d'Auguste Comte au regard de celui de H. Spencer. À la fin de 1934, obligé de quitter la place d'assistant d'analyse infinitésimale à la faculté des sciences de Turin parce qu'il n'est pas inscrit au Parti fasciste, il s'établit à Vienne où il entre en contact avec les principaux représentants du Cercle de Vienne. La connaissance directe des thèses du néo-positivisme et les liens d'amitié qu'il amorce avec M. Schlick et F. Weismann l'incitent à adhérer (de façon critique) aux thèses du néo-positivisme.

De retour en Italie, tenu à l'écart du monde universitaire, il vit quelques années en enseignant dans une école privée jusqu'au moment où, en 1940, le fascisme l'empêche même d'exercer ce travail et l'oblige à se retirer à Barge, au pied du mont Viso. Il s'inscrit alors au Parti communiste et jouera un rôle de premier plan dans la guerre de libération à laquelle il adhère pleinement en luttant comme partisan dans les rangs des « brigades garibaldiennes ». Responsable des publications communistes clandestines au lendemain de la Libération, il publie en avril 1945 les Studi per un nuovo razionalismo. Cet exposé critique des thèses néo-positivistes lui vaudra d'obtenir une chaire de philosophie théorétique à l'université de Cagliari (1949).

Son adhésion au programme de l'empirisme logique est liée à un engagement renouvelé pour un rationalisme à la fois critique, constructif et ouvert. Après avoir publié une Storia e filosofia dell'analisi infinitesimale (1947), il fonde avec N. Abbagnano, E. Frola et N. Bobbio le Centro di studi metodologici et s'engage dans les débats épistémologiques les plus contemporains. Traduisant de nombreux auteurs (parmi lesquels G. Frege, B. Russell, J. R. Weinberg), il approfondit la leçon du rationalisme, devenant l'un des principaux représentants du neo-illuminismo italiano, mouvement dans lequel se reconnurent des penseurs aussi divers que N. Abbagnano, G. Preti, E. Garin, M. Dal Pra, N. Bobbio, E. Paci... Dans ses Saggi di filosofia neorazionalista (Essais de philosophie néo-rationaliste, 1953), Geymonat élabore une conception d'une rationalité historique flexible et articulée qui se développe toujours conjointement à l'histoire de l'homme. À l'opposé de la rationalité absolue défendue par la métaphysique classique moderne, le « néo-illuminisme » souligne la nécessité de passer d'une rationalité dogmatique à une rationalité critique, plus ponctuelle et plus délimitée, autrement dit, à même d'élaborer une image de la raison comme technique de l'intellect : un instrument partiel et historiquement déterminé, élaboré afin de résoudre quelques problèmes bien délimités et précis.

La monographie consacrée à Galileo Galilei (1956) concrétise de façon exemplaire cette ouverture de la rationalité sur la dimension historique. En 1957, Geymonat obtient à Milan la première chaire italienne de philosophie de la science, donnant ainsi le coup d'envoi d'un enseignement poursuivi durant plus de vingt ans, qui lui permettra de former de nombreux spécialistes et contribuera de façon décisive au développement de l'épistémologie, de la logique et de l'histoire des sciences et des techniques dans la culture italienne. À partir de son œuvre Filosofia[...]

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Écrit par

  • : professeur de philosophie, secrétaire scientifique de l'Institut Ludovico Geymonat pour la philosophie de la science, la logique et l'histoire des sciences

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