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GUMPLOWICZ LUDWIG (1838-1909)

Né à Cracovie dans une famille juive de la classe moyenne, Ludwig Gumplowicz participe au soulèvement de la Pologne (1863). Après des études à l'université de Vienne où il passe son doctorat de philosophie de l'histoire, il enseigne le droit public à l'université de Graz (Autriche), de 1875 à sa mort (il se suicide le 20 août 1909).

Influencé par l'école positiviste française (Auguste Comte, Adolphe Quételet), Gumplowicz, qui cherche à dégager la sociologie aussi bien de l'histoire et de la philosophie que de la biologie, peut être considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie. Sa recherche d'un critère unique de l'analyse sociale le conduit à privilégier la notion de « groupes sociaux » ; le fondement de la vie sociale est l'interaction (le conflit) entre groupes : communautés, nations, classes, groupes ethniques et races. Les groupes sociaux sont essentiellement homogènes (ils sont liés par un réseau d'« influences sociales » ; ce concept est proche de celui de « liens naturels » étudié par Tönnies, mais Gumplowicz ne le limite pas à une forme d'organisation sociale) parce qu'ils ont en commun les mêmes intérêts concrets. Le changement social intervient lorsque plusieurs groupes hétérogènes entrent en contact (c'est l'essence du sozialer Prozess).

De son analyse générale de l'action sociale (Grundriss der Soziologie, 1885), Gumplowicz tire une analyse des conflits sociaux (Der Rassenkampf, 1883) où l'on retrouve l'influence de Gobineau, et qui lui valut longtemps d'être classé parmi les auteurs « racistes », et une analyse du conflit de classe, proche à la fois de celles de Marx et du sociologue italien Mosca (« Der Klassenkampf », in Ausgewählte Werke, 1926).

Redécouverte par la sociologie américaine grâce aux efforts de Lester Ward, de Harry Barnes, de Schumpeter et de l'école de Chicago, l'œuvre de Gumplowicz reste étonnamment moderne, annonçant l'étude de la dynamique des petits groupes, l'étude de la fonction du pouvoir et de l'organisation dans la structure sociale (Histoire des théories de l'État, Geschichte der Staatstheorien, 1905), et prenant en considération la base non rationnelle des croyances collectives et des conduites de masse.

— François VIEILLESCAZES

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Écrit par

  • : ancien élève de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de chinois, sociologue

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  • INTERACTION, sciences humaines

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