PABLO LUIS DE (1930-2021)
Le mérite historique d'avoir le premier fait se rejoindre la musique de la jeune école espagnole et les autres musiques de l'Occident européen revient bien à Luis de Pablo.
Né à Bilbao le 28 janvier 1930, Pablo pense d'abord être juriste. Il passe en 1952 ses examens de droit à Madrid, est employé ensuite à la compagnie Iberia, mais il compose déjà depuis l'âge de quinze ans ; il dit lui-même rompre en 1953 « avec une prétendue tradition musicale espagnole, laquelle – du moins à l'époque où je vis – n'est qu'une tyrannie de la médiocrité et de l'ignorance, née d'une position défensive ». Après des études musicales traditionnelles, Luis de Pablo se tourne vers la musique sérielle, qu'il connaît par l'entremise de l'enseignement de Max Deutsch, ancien élève d’Arnold Schönberg. Les œuvres théoriques et musicales d'Olivier Messiaen jouent aussi un rôle important dans son évolution. Luis de Pablo fréquente alors les cours d'été de Darmstadt (1959), prend des contacts avec les musiciens de l'avant-garde européenne, Boulez, Stockhausen et Maderna, entre autres. Il fonde à son tour, à Madrid, le groupe Tiempo y Música (1959-1964) pour faire connaître la musique contemporaine en Espagne. Lui-même ne reste pas longtemps fixé sur l'écriture sérielle. Il découvre l'aléatoire, en utilise largement le principe dans ses œuvres, fonde en Espagne le groupe Alea (1965-1973) et y introduit la musique électroacoustique. Il enseigne la composition et l'analyse musicale à Buffalo, à Ottawa et à Montréal. Il ne revient en Espagne qu’en 1975, après la mort de Franco, et devient en 1981 président de la section espagnole de la Société internationale de musique contemporaine.
Dans le catalogue important de ses créations, il faut retenir, parmi les œuvres qui permettent de suivre les étapes de son évolution : Coral (1953), pour insruments à vent, Invenciones (1955), pour ochestre, Móvil, pour deux pianos, encore attaché aux principes sériels (1958) ; Radial, pour vingt-quatre instruments (1960), et Polar, pour voix, saxophone, clarinette basse et percussion (1961, révisé en 1999). Ces premières tentatives vers l'aléatoire sont suivies, dans le même esprit, par Glosa, pour voix et instruments (1961), et Prosodia, pour six instruments (1962). La série des Módulos tente de définir les principes d'une nouvelle grammaire musicale : I, pour ensemble de chambre (1965) ; II, pour double orchestre (1966) ; III, pour dix-sept instruments (1967) ; IV, pour quatuor à cordes (1967) ; V, pour orgue (1967) ; VI, pour vingt-quatre instruments (1968), tandis que Heterogéneo, pour orchestre (1968), est une réflexion sur le passé de la musique. Suivent : Pordiversosmotivos, pour voix, images projetées et ensemble de chambre (1969) ; Vielleicht, pour six percussionnistes (1973) ; Al son que tocan, pour huit instruments, voix et bande magnétique (1975, révisé en 2000). Luis de Pablo revient vers des voies plus classiques avec deux concertos pour piano (1978-1979 et 1979) et le concerto pour violoncelle FrondosoMisterio (2002), Serenata, pour instruments à vent et chœur (1985) ou encore Numeros, six pièces pour octuor (2011). Il donne la primauté à la voix avec cinq opéras, Kiú (1983), El ViajeroIndiscreto (1990), La madre invita a comer (1992), La Señorita Cristina (1999) et Un parque (2005), et deux cantates, Passio, pour soliste, chœur d'hommes et orchestre, sur des textes de Primo Levi (2006), et Martinus, pour récitant, baryton, chœur d’enfants, chœur mixte et orchestre de chambre (2008).
Luis de Pablo meurt le 10 octobre 2021 à Madrid.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Brigitte MASSIN : musicologue, journaliste, critique, écrivain
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
ESPAGNE (Arts et culture) - La musique
- Écrit par Luis CAMPODÓNICO et Pierre-Paul LACAS
- 5 573 mots
- 4 médias
Né en 1930, traducteur des essais d'Anton von Webern et de la biographie de Schönberg par Hans Heinz Stuckenschmidt, Luis de Pablo, le compositeur le plus important de cette génération, part d'un langage encore imprécis (Coral, septuor à vents, 1958) pour tendre à une synthèse personnelle...