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VÉLEZ DE GUEVARA LUIS (1579-1644)

Écrivain espagnol, né à Ecija (Séville). Vélez de Guevara fut d'abord soldat en Italie ; de retour à Madrid, il se met au service de divers grands seigneurs et devient huissier de la Chambre du roi. Son œuvre dramatique s'inscrit dans le cycle de Lope de Vega. Les principales qualités qu'on lui reconnaît sont le sens du lyrisme populaire, la force et la vérité des personnages qu'il met en scène, la saisie en profondeur des motifs historico-légendaires de son pays. Son théâtre comprend des entremeses (intermèdes) : La Burla más sazonada (La Farce la plus épicée), Antonia y Perales ; des pièces historiques : Atila, azote de Dios (Attila, fléau de Dieu), Gran Tamorlán de Persia ; des pièces bibliques : Santa Susana, La Magdalena. Parmi ses comedias de sujet national, Más pesa el rey que la sangre (Le roi pèse plus que le sang), El Diablo está en Cantillana, La Serrana de la Vera (La Montagnarde de la Vera), La Luna de la sierra, Las Glorias de los Pizarros, se détache son chef-d'œuvre, Reinar después de morir (Régner après la mort), aux tonalités intensément lyriques, mélancoliques et pathétiques : Inés de Castro, devenue en secret l'épouse de Don Pedro, prince héritier du Portugal, est mise à mort sur l'ordre du roi ; celui-ci a été informé en effet par doña Blanca, la fiancée du prince. Peu après, le roi meurt. Don Pedro monte sur le trône, couronne son épouse morte, oblige les courtisans à la reconnaître comme leur souveraine : elle règne ainsi après sa mort. L'autre grande œuvre de Vélez de Guevara, El Diablo cojuelo (1641, Le Diable boiteux), illustre le genre de la satire de mœurs représentée au xviie siècle, outre par certaines Nouvelles exemplaires de Cervantès (1613), par El Pasajero (1617, Le Voyageur) de Cristóbal Suárez de Figueroa, Avisos y guía de forasteros (1620, Avis et guide pour étrangers) de Liñán y Verdugo, ou encore par El Día de fiesta por la mañana et El Día de fiesta por la tarde (1654-1660, Le Jour du Seigneur le matin et Le Jour du Seigneur l'après-midi) de Juan de Zabaleta, et Día y noche de Madrid (1663) de Francisco Santos. Le Diable boiteux s'inspire de Quevedo et des romans picaresques. En fait, les révélations d'Asmodée, le diablotin délivré de son flacon par l'étudiant Cleofas, montrent surtout, dans un style cocasse et burlesque, les travers ridicules ou grotesques d'une société dont les principes fondamentaux ne sont pas mis en cause. Le livre laisse plus une impression de fantaisie comique que celle de cauchemar tragique à la façon de Quevedo. On sait le parti qu'en a tiré Lesage.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Autres références

  • LESAGE ALAIN-RENÉ (1668-1747)

    • Écrit par
    • 1 277 mots
    Lesage avait trouvé sa prime inspiration dans le maniérisme alexandrin et le baroque espagnol. En 1707, il prend le Diablo cojuelo (1641) de Luis Vélez de Guevara, l'œuvre la plus coruscante du Siècle d'or espagnol, ôte l'outrance du langage, conserve le thème merveilleux : Asmodée découvre à son...