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FOSS LUKAS (1922-2009)

Une voix majeure de la musique américaine

Le catalogue de Lukas Foss (riche d'une centaine de partitions) touche à tous les genres et styles et peut être considéré comme un raccourci de la musique américaine contemporaine. Au début des années 1940, il compose une musique de scène pour La Tempête de Shakespeare, dont il tire une suite pour orchestre. Puis sa cantate The Prairie (1944) est créée par Koussevitzky. À cette époque, sa musique est très mélodieuse, néoclassique, mêlant les influences de Gershwin au chant des grands espaces, la fameuse « vox americana ». Il s'inscrit volontiers dans les formes traditionnelles avec son Premier Concerto pour piano (1943), son Premier Quatuor à cordes (1947) ou l'opéra The Jumping Frog of Calaveras County, d'après Mark Twain (1950). Dès le milieu des années 1950, il évolue vers le sérialisme et les techniques d'avant-garde, notamment l'aléatoire organisé, qui lui permet de donner libre cours à son penchant pour l'improvisation. En 1960, son cycle de mélodies avec orchestre Time Cycle, sur des poèmes de Wystan Hugh Auden, Alfred Edward Housman, Kafka et Nietzsche, est créé sous la direction de Leonard Bernstein, l'un de ses plus fidèles amis. Elle deviendra l'œuvre la plus fréquemment jouée de Lukas Foss. En 1966, il compose à l'intention de Mstislav Rostropovitch son Concert pour violoncelle, dans lequel il intègre une sarabande de Bach. Avec les Baroque Variations (1967), ce concerto est l'un des meilleurs exemples d'une nouvelle évolution de Lukas Foss, tiraillé entre les langages modernes, la liberté qu'offre l'improvisation et les références aux grands maîtres du passé. Parmi les procédés employés, le soliste peut choisir entre trois accompagnements au choix, les deux autres devenant le matériau du mouvement suivant ; on le voit également affronter sa propre partie préenregistrée. Dans les variations, il procède à ce qu'il appelle une « déconstruction » des œuvres de Bach, Haendel et Domenico Scarlatti qui lui servent de référence. Tous les procédés d'écriture vont le tenter à un moment ou un autre, mais à contretemps des modes, comme il aimait à le préciser. The Cave of Winds, pour quintette à vent (1972), cherche à reconstituer des sons de musique électronique. Puis vient une période minimaliste, avec notamment le Troisième Quatuor à cordes (1975) et le cycle de mélodies Thirteen Ways of Looking at a Blackbird, sur des textes de Wallace Stevens (1978). Sa dernière période créatrice est beaucoup plus traditionnelle, une sorte de synthèse des différents langages de la musique occidentale de son temps dans laquelle il revient sur le néoclassicisme et la « vox americana » de ses premières années. Renaissance Concerto, pour flûte et orchestre (1985), se réfère à des motifs musicaux du xvie siècle alors qu'American Landscapes, pour guitare et orchestre (1989), parle le langage de Copland et de Virgil Thomson. Mais dans toutes ces œuvres, l'expérience d'un nouvel univers sonore reste présente, avec des effets spéciaux et des timbres qui viennent enrichir la palette sonore du musicien.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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