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LULU, Frank Wedekind Fiche de lecture

<em>Lulu</em> de F. Wedekind, mise en scène de Robert Wilson - crédits : Lieberenz/ ullstein bild/ Getty Images

Lulu de F. Wedekind, mise en scène de Robert Wilson

Luluest le titre générique donné à plusieurs pièces de Frank Wedekind (1864-1918). La première, une tragédie en cinq actes, s’intitule La Boîte de Pandore. Une tragédie-monstre. Drame pour la lecture. Écrite en 1892-1894, elle ne fut jamais jouée ni publiée du vivant de l’auteur, et ne parut qu’en 1988, avant d’être créée à Hambourg la même année dans une mise en scène de Peter Zadek. Le parfum d’amoralisme dans lequel est plongée toute la pièce, le caractère très osé pour l’époque de certaines scènes obligent l’auteur à la remanier s’il veut obtenir le visa de censure. Il décide de la diviser en deux parties, intitulées respectivement L’Esprit de la terre et La Boîte de Pandore.

L’Esprit de la terre s’appuie sur les trois premiers actes de la version originale, avec un acte nouveau inséré entre le deuxième et le troisième. La première a lieu le 25 février 1898 à Leipzig. La Boîte de Pandore, tragédie en trois actes, écrite en 1900-1901, éditée en 1904, reprend avec de profondes modifications les deux derniers actes de la Tragédie-monstre, précédés d’un acte supplémentaire. La première a lieu à Vienne le 29 mai 1905, dans le cadre d’une « représentation privée », organisée par Karl Kraus.

Wedekind a remanié les deux pièces à plusieurs reprises jusqu’à leur publication en 1913 dans les Œuvres complètes, sans revenir toutefois sur leur structure générale. L’ensemble est constitué de sept actes qui, joué intégralement, dépasse les limites habituelles d’une soirée théâtrale. Alban Berg le réduit en un prologue et trois actes pour le livret de son opéra, Lulu, dont la version inachevée est créée à Zurich en 1937. Le film de Pabst, Loulou (Die Büchse der Pandora, 1929), avec Louise Brooks dans le rôle-titre, s’inspire quant à lui assez librement de Wedekind.

« Une bête sauvage et superbe »

L’auteur écrit à propos du personnage de Lulu : « [...] j’ai cherché à présenter un superbe spécimen de femme, un de ceux qui naissent lorsqu’une créature richement dotée par la nature, même sortie du ruisseau, accède à un épanouissement sans limites au milieu d’hommes qu’elle surpasse largement en matière de bon sens héréditaire. » Chaque acte des deux pièces représente une étape dans l’ascension et la déchéance de la jeune femme. Elle a été recueillie à l’âge de douze ans par Schön, un intrigant, qui fait bientôt d’elle sa maîtresse, et la marie au riche docteur Goll. À la mort de celui-ci, elle épouse le peintre Schwarz, tombé amoureux de Lulu en faisant son portrait. Persuadé de l’innocence et de la pureté de la jeune femme, il se tranche la gorge lorsqu’il apprend la vérité sur son passé et sa relation avec Schön. Soucieux de lui trouver un amant suffisamment riche, celui-ci la lance dans une carrière théâtrale. Elle joue dans une revue écrite par Alwa, le fils de Schön, mais interrompt la représentation lorsqu’elle aperçoit dans une loge son amant en compagnie d'une jeune fille de bonne famille qu'il entend épouser par intérêt. Elle oblige Schön à rompre et à l’épouser, elle. Désormais, elle habite sous son toit. Mais la maison est fréquentée par d’autres personnages, hommes et femmes : Schigolch, dont on ne sait pas s’il est le père de Lulu ou un vieil amant (sans doute les deux), l’athlète Rodrigo Quast, le lycéen Hugenberg, Alwa lui-même, et la comtesse Geschwitz, éperdument éprise de Lulu. Schön, qui découvre les multiples liaisons de sa femme, veut la contraindre au suicide et lui donne son revolver. Mais c’est elle qui le tue. Puis elle implore Alwa : « Ne me laisse pas tomber aux mains de la justice. Ce serait dommage pour moi ! Je suis encore jeune. Je te serai fidèle toute ma vie. Je n’appartiendrai qu’à toi seul. Regarde-moi, Alwa. – Homme, regarde-moi, regarde-moi ! » Ainsi se termine L’Esprit[...]

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Écrit par

  • : professeur au département des arts du spectacle à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-la Défense, traducteur, dramaturge

Classification

Média

<em>Lulu</em> de F. Wedekind, mise en scène de Robert Wilson - crédits : Lieberenz/ ullstein bild/ Getty Images

Lulu de F. Wedekind, mise en scène de Robert Wilson

Autres références

  • LULU (mise en scène S. Braunschweig)

    • Écrit par
    • 941 mots

    Elle est la femme fatale, beauté infernale et vampire. Maîtresse autant qu'amante, menant les hommes à leur perte quand ils croient la conduire. Dévoreuse d'âmes, croqueuse de fortunes. Inatteignable. Inaccessible. Emportée dans une course folle au sexe et à l'argent jusqu'à l'instant de l'inévitable...