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LUNYU (ENTRETIENS DE CONFUCIUS) (anonyme) Fiche de lecture

Confucius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Confucius

Les Entretiens (ou Analectes) de Confucius (Kongzi) constituent la base de la pensée confucéenne, au point d'être l'un des tout premiers livres qu'il convient de lire en matière de pensée chinoise.

Quoique plusieurs textes soient traditionnellement attribués à Confucius (env. 551-479 av. J.-C.), aucun texte n'est vraisemblablement de la main du philosophe. Ces Entretiens ne font pas exception. L'histoire de l'ouvrage est longue, et des zones d'ombre subsistent. Le Lunyu est au départ une compilation réalisée durant la période des Royaumes combattants (465-221 av. J.-C.) et provenant de plusieurs auteurs, dont certains appartiennent au moins à la deuxième génération de disciples. Cette compilation se transmit à travers trois versions unifiées au milieu de la période Han, formant le texte de base des versions ultérieures. Par la suite, le livre fit l'objet de plus d'une dizaine de grands commentaires et de corrections jusqu'à ce qu'une édition officielle soit promulguée en 999 pour les examens impériaux. Mais le texte de référence et le commentaire officiel du Lunyu sont dus à l'édition réalisée par le philosophe Zhu Xi (1130-1200) à la lumière des commentaires des grands penseurs de la dynastie Song. À partir des Qing (1644-1911), des lettrés de plus en plus nombreux se détourneront des préoccupations purement philosophiques pour entreprendre des recherches philologiques sur l'histoire du texte.

La version actuelle du Lunyu, qui ne suit pas de plan précis, se divise en vingt chapitres (pian) dont les titres n'indiquent pas des thèmes, mais seulement les deux premiers caractères du chapitre concerné.

Apprendre : un exercice constant ancré dans la tradition

Le maître mot de la doctrine qui ressort des Entretiens pourrait être le premier caractère de l'ouvrage : apprendre (xue). Dans une société en profonde mutation et qui restera pendant plusieurs siècles en quête de repères, Confucius affirme le primat de l'étude. Il prétendait lui-même ne faire que transmettre l'enseignement des Anciens qu'il considérait comme la valeur la plus sûre. Cette étude comporte d'abord un aspect théorique et traditionnel. L'homme qui aspire au bien doit commencer par apprendre les classiques de l'Antiquité et se vider de lui-même pour se conformer, extérieurement mais plus encore dans son cœur, aux rites. Ceux-ci sont le gage de la modération dans le comportement et de la progression dans la vertu. Partageant avec d'autres courants de pensée la croyance en un âge d'or où la sagesse était pratiquée sans défaillance, Confucius ne prône pas un conservatisme stérile. Son but est d'orienter et de vivifier la conduite de ses contemporains. L'étude ne saurait donc se limiter à une dimension livresque. L'homme de bien étudie les classiques pour appliquer les rites des sages et imiter leur conduite. Ainsi l'« apprendre » confucéen est autant pratique que théorique. Cette étude est de chaque moment, et la méditation sur l'ancien doit être la source de connaissances nouvelles ou le moyen d'une meilleure connaissance du présent. Mais l'étude confucéenne est plus large encore. En affirmant que « parmi trois passants, je peux certainement trouver mon maître », le philosophe montre à quel point la diversité que l'on trouve chez autrui peut être une source d'enseignement pour soi-même. C'est cette même confiance dans les capacités de la nature humaine qui fait apparaître Confucius comme étonnamment moderne quand il affirme que « l'enseignement est ouvert à tous sans distinctions ».

L'ancrage dans les rites et la sagesse antique n'est pas moins manifeste en ce qui concerne l'art de gouverner, préoccupation constante des penseurs de l'époque. Confucius estime que la réussite dans le gouvernement repose sur[...]

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Écrit par

  • : docteur de l'École pratique des hautes études (sinologie), agrégé de langue et culture chinoises

Classification

Média

Confucius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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