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LUTH

Rôle profane et rôle sacré

On sait peu de chose sur l'emploi du luth dans la musique au Moyen Âge. Cela tient d'abord au manque total de documents écrits, puisque la musique elle-même commençait seulement de se donner des règles graphiques. La notation musicale venait de naître et restait très imprécise. De plus, elle ne s'adressait qu'aux chants liturgiques, tropes ou séquences. Le choix des instruments était donc des plus arbitraires et, lorsqu'il s'agissait d'interpréter une pièce, un luth pouvait aussi bien prendre la place d'un rebec ou d'une flûte ; à cette époque, on grattait en effet les cordes au moyen d'un plectre. Ce faisant, on n'attaquait qu'une seule corde à la fois. Le jeu du luth était donc mélodique, comme celui de la plupart des instruments médiévaux.

Au Moyen Âge, le profane et le sacré divisent catégoriquement la musique. La partie profane se caractérise essentiellement par la musique de danse qui est jouée par de petits ensembles de trois ou quatre instruments, parmi lesquels figure le luth. L'absence d'harmonie est remplacée par la forme de la ritournelle : chaque instrumentiste reprend le thème de la danse à son tour, en le déformant suivant sa fantaisie et surtout selon sa mémoire puisqu'il n'existait aucune partition. Viennent ensuite les jongleurs et les ménestrels qui utilisaient le luth pour accompagner leurs chansons. Ici l'accompagnement se limitait à la paraphrase mélodique de la chanson. L'air de luth venait aussi entrecouper d'intermèdes les « gestes » et les « dits », qui étaient souvent interminablement longs. En fait, le luth ne jouait jamais le rôle de soliste au sens où on l'entend maintenant ; il restait toujours complémentaire d'une forme qui l'englobait.

Dans la musique sacrée, le rôle du luth fut tout différent et c'est là que se trouve l'origine de son développement. À l'époque où régnait la mélodie, c'est parmi les chants liturgiques, qui bénéficient des premières notations, qu'apparaissent les premières tentatives de polyphonie à deux ou trois voix. Comme on était encore loin d'être fixé sur la composition des timbres, il arrivait que l'on confiât à un luth l'exécution d'une des parties de la pièce polyphonique. Les voix des chanteurs se trouvaient alors soutenues et enrichies par un timbre instrumental. Et c'est dans ce genre d'ensemble que les luthistes prirent conscience à la fois du sentiment harmonique et des possibilités que leur offrait leur instrument. Dès lors, ils n'eurent de cesse d'adapter au luth seul ces chants à plusieurs voix ; c'est alors que l'on abandonna l'usage du plectre, car il devenait un obstacle au contrepoint, pour une nouvelle technique qui consistait à pincer les cordes avec les doigts, ce qui permettait de faire sonner plusieurs cordes simultanément.

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Écrit par

  • : directeur de la revue Musique ancienne, luthier d'art (copies de luths et clavecins anciens)

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Média

Amour jouant du luth, R. Fiorentino - crédits : Rabatti - Domingie/ AKG-images

Amour jouant du luth, R. Fiorentino

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