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LUTH

Les compositeurs

C'est sans aucun doute en Italie que la musique de luth trouve le plus large développement. C'est d'ailleurs à Venise que furent imprimées les premières tablatures. Beaucoup de formes, comme les danses et la forme libre de la fantaisie, y prirent naissance. Paradoxalement, c'est aussi le pays où le luth fut le plus vite abandonné, mais seulement après le passage de grands luthistes, tels que le « divin » Francesco da Milano (1497-1563) dont la renommée fut internationale ; Joanambrozio Dalza (début xvie s.), Antonio Terzi et Simone Molinaro (fin xvie s.), Vincenzo Galilei furent aussi des maîtres de l'école italienne, qui se caractérisa toujours par une étonnante puissance d'invention. L'art du luth s'éteindra avec les œuvres pour archiluth et pour chitarrone d'Alessandro Piccinini (1623) et Girolamo Kapsberger (1640), qui tous deux développent déjà la nouvelle esthétique des « affetti » qui s'épanouira chez Girolamo Frescobaldi.

L'influence italienne pénétra profondément la génération des musiciens espagnols de la Renaissance. Mais en Espagne, c'est pour la vihuela que l'on compose. Il s'agit d'un curieux instrument à mi-chemin entre la guitare et le luth et qui, tout en ayant une forme identique à celle de la guitare, n'en conserve pas moins le cordage et l'accord du luth. Les vihuelistes écrivent d'ailleurs en tablature italienne. Don Luis Milán (env. 1500-env. 1560), Alonso Mudarra (1580- ?), Luis de Narváez (1500- ?) suivent le courant italien et s'en écartent seulement en innovant la forme de la variation.

En France, la Renaissance fut, elle aussi, dominée par la musique italienne. C'est surtout Albert de Rippe, originaire de Mantoue et musicien attitré de François Ier, et Adrian Le Roy luthiste, pédagogue et éditeur qui s'imposent, par la prodigalité et la qualité de leurs œuvres. En fait, la période la plus brillante de l'école française se situe dans le premier quart du xviie siècle. Le père Mersenne écrit dans son Harmonie universelle qu'en France « le luth est dans une telle perfection qu'on néglige tous les autres instruments ». René Mézangau ( ?-1653) et le « Vieux Gaultier » (1585 env.-1651) conçoivent le fameux « style brisé » ; ils sont suivis par de nombreux disciples, comme Dufaut, les Dubut et les Gallot.

En Angleterre, la musique de luth est largement dominée par John Dowland, qui compose aussi pour la viole en consort. Il faut également citer le musicien et théoricien Thomas Morley qui publie en 1599 un recueil de broken consorts, c'est-à-dire des concerts pour instruments variés où vont se trouver mêlés un dessus de viole, une flûte traversière basse, une basse de viole, un cistre, une pandore et un luth, dont la partie très ornée est d'une grande difficulté. C'est le premier exemple de musique de chambre destinée à des instruments précis. Mais le luth semble avoir été délaissé tôt dans le xviie siècle, et Thomas Mace en publiant son grand traité de luth, le Musick's Monument, en 1676, semble le regretter.

Oublié dès les premières années du xviiie siècle en France et en Angleterre, le luth poursuivra sa carrière en Allemagne. Malheureusement, sa musique n'aura plus l'originalité qu'avaient su lui donner les maîtres des époques antérieures. Sylvius Leopold Weiss (1686-1750) écrit de nombreuses suites pour luth dans un goût virtuose et souvent adroit ; quant à Jean-Sébastien Bach, il ne semble pas avoir manifesté beaucoup d'intérêt pour cet instrument, laissant à ses élèves le soin d'adapter certaines de ses œuvres et surtout d'en écrire, comme ces deux concertos pour luth et cordes de Johann Ludwig Krebs. Contemporain de Joseph Haydn, Karl Kohaut et Johann Kropffgans représentent ce que l'on pourrait[...]

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Écrit par

  • : directeur de la revue Musique ancienne, luthier d'art (copies de luths et clavecins anciens)

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Média

Amour jouant du luth, R. Fiorentino - crédits : Rabatti - Domingie/ AKG-images

Amour jouant du luth, R. Fiorentino

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