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LUTTE BIOLOGIQUE

Au cours du temps, les cultivateurs ont développé de nombreuses pratiques pour limiter l'expansion et les dégâts des différentes espèces d'organismes invisibles appelés « ravageurs », ou encore « déprédateurs » ou « bioagresseurs » : la rotation des cultures, dans laquelle l'alternance des plantes cultivées empêche des ravageurs spécialisés d'atteindre des effectifs incontrôlables ; la plantation d'arbres ou de haies autour des champs, voire dans les champs, pour faire barrière à l'invasion de certains insectes et/ou fournir des refuges à leurs ennemis naturels (sans parler de la protection contre le vent et l'érosion des sols) ; la pratique de polycultures, qui met à profit la diversité végétale comme stratégie de contrôle des ravageurs potentiels ; l'élimination des plantes malades ou infectées. Dans le contexte contemporain, les produits chimiques de synthèse (insecticides, herbicides, fongicides) fournissent l'essentiel de l'effort dans cette lutte contre les ravageurs. La F.A.O. (Food and Agriculture Organization) estime aujourd'hui à 37 p. 100 les pertes mondiales de productions agricoles dues aux ravageurs et aux maladies. L'enjeu économique est donc considérable. Parallèlement aux produits chimiques, à l'égard desquels les insectes développent des phénomènes de résistance (plus de 500 souches d'insectes reconnues résistantes à certains insecticides), d'autres méthodes sont utilisées, dont la lutte biologique. Cette dernière, qui peut être définie sommairement par l'usage d'organismes vivants ou de leurs produits pour empêcher ou réduire les pertes ou dommages causés par des organismes nuisibles, s'appuie sur une stratégie de défense écologique et durable. Les organismes vivants utilisés, alors appelés auxiliaires, antagonistes ou agents de lutte, peuvent être des parasitoïdes (parasites vivant aux dépens d'un hôte qui meurt après leur développement), des prédateurs (insectes, acariens, nématodes), des pathogènes (virus, bactéries, champignons), ou des compétiteurs qui occupent la niche écologique plus vite que l'espèce nuisible à juguler. La lutte biologique a pris de multiples formes, tant dans ses définitions que dans ses techniques et applications.

Histoire et développement de la lutte biologique

La première étude scientifique qui amorça le déclenchement de la lutte biologique moderne est due à l'entomologiste américain C. V. Riley. Une cochenille, Icerya purchasi, fut introduite accidentellement d'Australie en 1868 dans des vergers d'agrumes de Californie. Riley, convaincu que l'innocuité de cette cochenille dans son pays d'origine était due à des antagonistes, envoya une mission en Australie, d'où furent rapportés divers insectes entomophages, dont la coccinelleNovius cardinalis. Élevé en masse, cet auxiliaire fut distribué aux agriculteurs ; le résultat fut spectaculaire car, en moins de deux ans, les effectifs de la cochenille furent amenés en deçà d'un seuil de nuisibilité économiquement acceptable. Vint ensuite le long programme de lutte contre le bombyx disparate (Lymantria dispar), d'origine européenne, qui pullula et ravagea les forêts de feuillus nord-américaines. Ce sont quelque 92 millions de parasitoïdes européens qui furent lâchés contre ce papillon avec succès en 1927, mettant l'accent sur la nécessité de disposer d'agents de lutte biologique dont l'efficacité augmente avec la densité du bioagresseur. À ces deux programmes phares s'en ajoutèrent rapidement d'autres pour tenter de juguler les populations d'insectes ravageurs tels que la punaise Nezara viridula en Australie, la chrysomèle Oulema melanopus et le puceron de la luzerne Acyrtosiphon pisum aux États-Unis. Quant aux plantes invasives,[...]

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Écrit par

  • : directeur délégué général de l'Institut national de la recherche agronomique
  • : docteur ès sciences, chercheur entomologiste
  • : ingénieur, documentaliste

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Médias

Lutte biologique : les succès - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lutte biologique : les succès

Coccinelle - crédits : Alex Staroseltsev/ Shutterstock

Coccinelle

Autres références

  • ARAIGNÉES ou ARANÉIDES

    • Écrit par
    • 5 386 mots
    • 7 médias
    ...écologique est, de ce fait, primordial car elles sont très efficaces en tant que régulatrices de populations de certains insectes ravageurs de culture ( emploi en lutte biologique intégrée en Israël, en Asie et aux États-Unis) et fonctionnent comme de très bons insecticides naturels dans la nature (tout...
  • COCCINELLE

    • Écrit par
    • 590 mots
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    Insecte coléoptère carnassier, caractérisé par un corps globuleux et des élytres vivement colorés, souvent ornés de points.

    Classe : Hexapodes ; ordre : Coléoptères ; famille : Coccinellidés

    Les coccinelles, ces populaires « bêtes à bon Dieu » porteuses de bonheur, sont des insectes...

  • HOMOPTÈRES

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    • 2 546 mots
    • 2 médias
    ...ennemis naturels qui limitent naturellement leur pullulation. Les prédateurs les plus efficaces sont les coccinelles et les larves de Syrphides (Diptères). La coccinelle australienne, Novius cardinalis, a même été importée volontairement dans les divers pays où s'était installé Icerya purchasi...
  • HORTICULTURE

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    • 737 mots

    Nombreux sont ceux pour qui l'horticulture se borne à la production des plantes ornementales. Pourtant les activités horticoles ne sont pas aussi restreintes ; dans l'« Hortus » du Moyen Âge voisinaient déjà arbres fruitiers et cultures vivrières ; de nos jours, vergers, cultures légumières et carrés...

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