Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LUTTE BIOLOGIQUE

Les biopesticides

La définition du terme biopesticides est un débat en soi et l'appellation semble être réservée aux produits en phase de commercialisation. Pour certains, ce vocable correspond uniquement à l'utilisation d'organismes vivants (auxiliaires, prédateurs, parasitoïdes ou pathogènes). D'autres estiment qu'il peut s'appliquer aux composés d'origine biologique (phéromones, kairomones, éliciteurs...) qui jugulent des populations de ravageurs ou de pathogènes.

Si tous les biopesticides, quelle que soit leur définition, ont une identité biologique à l'origine, ils ne sont pas forcément naturels. Cette précision est d'importance pour le développement de ces produits phytosanitaires. En effet, quand les sources naturelles d'approvisionnement sont restreintes, le recours à la copie synthétique de molécules identifiées dans les organismes biologiques devient nécessaire. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des phéromones sexuelles commercialisées qui sont reconstituées à partir de molécules de synthèse.

Une autre manière d'exploiter le mode d'action des biopesticides consiste à introduire, dans la plante, le ou les gènes codant pour leurs toxines ; l'exemple le plus actuel concerne les variétés Bt de maïs ou de coton. Cette stratégie, donnant des organismes génétiquement modifiés et sujette à controverse, n'est pas traitée ici car elle fait partie intégrante de la lutte génétique, au même titre que la création de variétés conventionnelles résistantes.

Les différentes catégories de biopesticides

On distingue généralement deux types de biopesticides : ceux qui sont à base d'organismes vivants et ceux qui sont à base de substances biologiques naturelles.

La première catégorie inclut des organismes procaryotes ou eucaryotes. Une grande diversité d'organismes biologiques sont ainsi utilisés dans des formulations parmi lesquels :

– des bactéries pathogènes d'insectes (dites entomopathogènes) ou antagonistes de champignons pathogènes ;

– des virus entomopathogènes, ou des mycovirus entraînant une hypovirulence des souches fongiques et des phages lysant des bactéries ;

– des champignons entomopathogènes, herbicides ou encore antagonistes ;

– des protozoaires entomopathogènes ;

– des arthropodes parasitoïdes et prédateurs ;

– des nématodes entomopathogènes et mycophages ;

Le micro-organisme le plus utilisé comme bio-insecticide est la bactérie Bt en raison de la rapidité de son mode d'action, de la parfaite maîtrise de sa production industrielle, de la diversité des souches permettant l'élargissement de son spectre d'activité, et de la rareté des cas de résistance, même après une application intensive et répétée. Son mode d'action repose sur la production de toxines qui présentent des propriétés insecticides élevées alors que, par ailleurs, leur innocuité est remarquable. Les premières homologations de produits à base de Bt datent des années 1960 aux États-Unis et des années 1970 en France. Un nombre limité de souches (en particulier kurstaki, aizawai et morrisoni) et encore plus restreint de sérotypes sont utilisés en agronomie.

De nombreux autres biopesticides commercialisés dans le monde correspondent à des micro-organismes utilisés contre des maladies de plantes : des bactéries (une vingtaine de préparations commerciales), comme Agrobacterium radiobacter ou Pseudomonas, agissent par antagonisme microbien ; des champignons (une vingtaine de préparations également), comme Ampelomyces quisqualis, Fusarium oxysporum ou Trichoderma harzianum, sont utilisés dans la lutte contre les phytopathogènes ; des baculovirus sont également employés contre des larves de papillons en culture horticole, dans les vergers, dans les grandes cultures et en forêt.

Coccinelle - crédits : Alex Staroseltsev/ Shutterstock

Coccinelle

En France, 51 insectes, acariens ou [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur délégué général de l'Institut national de la recherche agronomique
  • : docteur ès sciences, chercheur entomologiste
  • : ingénieur, documentaliste

Classification

Médias

Lutte biologique : les succès - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lutte biologique : les succès

Coccinelle - crédits : Alex Staroseltsev/ Shutterstock

Coccinelle

Autres références

  • ARAIGNÉES ou ARANÉIDES

    • Écrit par
    • 5 386 mots
    • 7 médias
    ...écologique est, de ce fait, primordial car elles sont très efficaces en tant que régulatrices de populations de certains insectes ravageurs de culture ( emploi en lutte biologique intégrée en Israël, en Asie et aux États-Unis) et fonctionnent comme de très bons insecticides naturels dans la nature (tout...
  • COCCINELLE

    • Écrit par
    • 590 mots
    • 2 médias

    Insecte coléoptère carnassier, caractérisé par un corps globuleux et des élytres vivement colorés, souvent ornés de points.

    Classe : Hexapodes ; ordre : Coléoptères ; famille : Coccinellidés

    Les coccinelles, ces populaires « bêtes à bon Dieu » porteuses de bonheur, sont des insectes...

  • HOMOPTÈRES

    • Écrit par et
    • 2 546 mots
    • 2 médias
    ...ennemis naturels qui limitent naturellement leur pullulation. Les prédateurs les plus efficaces sont les coccinelles et les larves de Syrphides (Diptères). La coccinelle australienne, Novius cardinalis, a même été importée volontairement dans les divers pays où s'était installé Icerya purchasi...
  • HORTICULTURE

    • Écrit par
    • 737 mots

    Nombreux sont ceux pour qui l'horticulture se borne à la production des plantes ornementales. Pourtant les activités horticoles ne sont pas aussi restreintes ; dans l'« Hortus » du Moyen Âge voisinaient déjà arbres fruitiers et cultures vivrières ; de nos jours, vergers, cultures légumières et carrés...

  • Afficher les 10 références