LUTTE, sport
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Sport de combat opposant deux athlètes qui ont pour objectif de faire tomber leur adversaire et de tenter de l'immobiliser au sol, sur le dos, les deux épaules touchant terre.
La lutte est le plus ancien des sports : on en trouve la trace, sous différentes formes dont certaines sont les ancêtres de la lutte moderne, dans de nombreuses civilisations du passé. Certains passages de L'Épopée de Gilgamesh (viie s. av. J.-C.) indiquent qu'une forme de lutte existait en Mésopotamie vers 2500 avant J.-C. Des fresques de la nécropole de Beni-Hassan, édifiée sous le règne des pharaons de la XIIe dynastie (vers 1850 av. J.-C.), représentent des scènes de lutte. La lutte apparaît au programme des jeux Olympiques de la Grèce antique en 708 avant J.-C. : Milon de Crotone (vie-ve s. av. J.-C.) remporte l'épreuve de lutte six fois consécutivement, de 540 à 516 avant J.-C. À la fin du Moyen Âge, rois, princes et ducs entretiennent des équipes de lutteurs. En 1520, un combat oppose, au camp du Drap d'or, le roi de France, François Ier, au roi d'Angleterre, Henri VIII.
À partir du xviiie siècle, les foires itinérantes se multiplient : on y propose diverses exhibitions de lutte. Dans la seconde moitié du xixe siècle naît, en France, la lutte gréco-romaine, dite aussi lutte française ou lutte à mains plates (pour la distinguer des autres sports de combat – boxe, savate, bâton –, où les coups sont permis) : la règle indique : que porter des prises au-dessous de la ceinture ainsi que tout ce qui peut blesser l'adversaire (prises et torsions douloureuses) est interdit ; que les athlètes sont uniquement autorisés à utiliser leurs bras et la partie supérieure de leur corps pour combattre. À ses débuts, la lutte gréco-romaine est un sport professionnel, qui donne lieu à un spectacle prisé par un nombreux public, notamment à l'occasion des Expositions universelles de Paris. Inscrite au programme des premiers jeux Olympiques en 1896 – elle figurera toujours au programme, sauf en 1900 et en 1904 –, la lutte gréco-romaine va devenir un sport amateur, alors que la lutte professionnelle périclite et aura quasi disparu en 1920. Dans le même temps se développe aux États-Unis et en Grande-Bretagne une attraction foraine, baptisée catch-as-catch-can (qu'on peut traduire : « attrape comme tu peux »), qui donnera naissance à la lutte libre, aux codifications moins strictes. À la différence de la lutte gréco-romaine, les prises sur tout le corps, notamment dans les jambes, sont permises. La lutte libre figure au programme des jeux Olympiques en 1904 à Saint Louis et en 1908 à Londres ; depuis 1920, elle a toujours fait partie du programme des Jeux. La lutte libre féminine est sport olympique depuis 2004. En février 2013, la commission exécutive du C.I.O. a néanmoins proposé que la lutte, gréco-romaine comme libre, ne figure plus au programme olympique à partir de 2020. Mais, en septembre 2013, le C.I.O. décide de réintégrer la lutte au programme des Jeux.
La Fédération internationale de lutte amateur est créée en 1912 à Stockholm. Désormais dénommée Fédération internationale des luttes associées, elle compte en 2013 cent soixante-quatorze fédérations nationales affiliées. Les premiers Championnats du monde de lutte gréco-romaine se tiennent en 1950, les premiers Championnats du monde de lutte libre ont lieu en 1951, les premiers Championnats du monde de lutte féminine se déroulent en 1987. Les Championnats du monde ont lieu chaque année (sauf les années olympiques).
Un combat de lutte se tient sur un tapis de 9 mètres de diamètre, entouré d'une garniture, de la même épaisseur, de 1,50 mètre de largeur. Il se déroule en deux périodes de 2 minutes, entrecoupées d'une pause de 30 secondes : au bout de chaque période, un concurrent est déclaré vainqueur ; si chaque concurrent a remporté une période, le combat se poursuit par une troisième période, dont le vainqueur gagne le combat. Un combat peut aussi, à tout moment (quelle que soit la période), se gagner par tombé (le lutteur maintient les deux épaules de son adversaire à terre pendant une durée suffisante pour permettre à l'arbitre de constater le contrôle de la touche) ou tombé technique (une différence de 6 points entre les lutteurs). Les diverses prises rapportent un nombre de points déterminé. Par exemple, les prises exécutées debout avec une grande amplitude qui amènent le lutteur attaqué en position de mise en danger immédiate ou la prise exécutée par le lutteur à terre qui arrache son adversaire du sol et réalise une prise de grande amplitude valent 5 points ; les mêmes prises effectuées avec une petite amplitude valent 3 points ; une prise correcte dans la lutte à terre, faire rouler son adversaire sur les épaules, faire fuir l'adversaire hors du tapis, etc., rapporte 2 points ; porter une prise correcte sans mettre son adversaire en danger, bloquer son concurrent, etc., ainsi que diverses fautes de l'adversaire (refuser de prendre l'accrochage de manière régulière, gêner irrégulièrement la prise, prise illégale, brutalité, etc.) attribue 1 point.
Parmi les champions qui ont marqué ce sport, on peut citer : le Japonais Osama Watanabe, champion olympique des 62 kg (lutte libre) en 1964 et en 1968, l'Américain Bruce Baumgartner, champion olympique des super-lourds (lutte libre) en 1984 et en 1992, les Russes Alexander Medved, champion olympique, dans trois catégories différentes (90, 100 et 130 kg), en 1964, 1968 et 1972 (lutte libre), et Alexander Kareline, champion olympique des super-lourds (lutte gréco-romaine) en 1988, 1992 et 1996. Le Français Steeve Guénot a réjoui l'école française de lutte en devenant, à Pékin en 2008, champion olympique des 66 kg (lutte gréco-romaine), tandis que son frère Christophe Guénot obtenait la médaille de bronze des 74 kg.
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Autres références
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BAUMGARTNER BRUCE (1962- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 449 mots
L'Américain Bruce Baumgartner, quatre fois médaillé en lutte libre aux jeux Olympiques, fut l'un des plus brillants super-lourds de l'histoire. Lutteur agile et d'une grande force physique, il demeure une référence pour ce sport.
Né le 31 août 1962 à Haledon (New Jersey), Bruce...
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GEESINK ANTON (1934-2010)
- Écrit par Pierre LAGRUE
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Le 23 octobre 1964, un colosse néerlandais, Anton Geesink (1,98 m, 104 kg), fait pleurer tout le Japon : pour honorer Jigorō Kanō, le Comité international olympique (C.I.O.) a inscrit le judo au programme des Jeux de Tōkyō ; or, dans le combat pour le titre suprême, celui des « toutes catégories...
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JEUX OLYMPIQUES, Grèce antique
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La quatrième journée est consacrée aux sports de combat. La première épreuve est lalutte. Les combattants s'enduisent le corps d'huile afin de rendre les prises malaisées et s'affrontent sur un sol arrosé et boueux. Les lois du combat sont strictes : pour l'emporter, il faut projeter son adversaire... -
KARELINE ALEXANDRE (1967- )
- Écrit par Pierre LAGRUE
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Le 27 septembre 2000, à Sydney, l'Américain Rulon Gardner devient champion olympique de lutte gréco-romaine, dans la catégorie des moins de 130 kilos, en dominant en finale le Russe Alexandre Kareline. C'est un événement considérable et la fin d'une légende : le Russe n'avait jamais connu la défaite...
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