LYCOPHRON (env. 320-env. 250 av. J.-C.)
Né à Chalcis en Eubée, Lycophron est chargé par Ptolémée Philadelphe de classer les comédies de la Bibliothèque d'Alexandrie. Il écrit un traité, aujourd'hui perdu, Sur la comédie. Il fait partie des poètes qui composent la pléiade alexandrine.
Ses contemporains estimaient ses tragédies inspirées des grands tragiques grecs. Il nous reste de lui quatre vers tirés de la tragédie Les Pélopides et quelques vers d'un drame satyrique sur Ménédème, le philosophe. Mais nous possédons, par contre, un poème entier (1 474 vers iambiques) intitulé Alexandra ou Cassandre. C'est un long monologue que la fille de Priam, prophétesse prisonnière, révèle, sous l'inspiration du dieu, la veille du jour où Pâris doit partir pour ravir Hélène. Alexandra prophétise la ruine de Troie, le destin des héros achéens et troyens, la fondation des colonies grecques d'Occident, les guerres médiques.
Le poète s'inspire du style énigmatique des oracles. Stace appelle ce poème « le dédale du noir Lycophron » ; en effet, la recherche de mots rares, d'archaïsmes, de tours insolites, de formes grammaticales étranges, toutes les inventions (il se sert parfois de l'égyptien ou du syrien comme Joyce se sert des langues européennes), ainsi que la suite décousue des développements tels que généalogies des héros, géographies des temps antéhistoriques ou allusions à la tradition mythologique, en font une œuvre savante et difficile, qui peut rappeler parfois celle de Mallarmé. La couleur générale, très sombre, percée d'images soudaines, évoque la ténèbre initiatique.
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Écrit par
- Dominique RICHARD : professeur de lettres classiques
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