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LYDIE

Prospérité de la Lydie sous Crésus

Sous Crésus, la Lydie s'étend sur toute l'Asie Mineure à l'ouest de l'Halys. Des Éoliens, des Ioniens et des Doriens, Crésus se borne à exiger un tribut. La Lydie se trouve donc en contact avec le monde grec. Non seulement les Grecs accueillaient les caravanes parties de Sardes, mais ils vinrent en nombre s'installer à Sardes. Les mariages mixtes durent se multiplier, à l'imitation de celui d'Alyatte avec une Ionienne. En même temps, l'art grec pénétrait en Lydie (on a retrouvé à Sardes de la céramique grecque du viie siècle), tandis que la langue grecque devenait celle des gens instruits : c'est en grec que le Lydien Xanthos écrivit au ve siècle l'histoire de sa patrie, qui n'est connue aujourd'hui que par des citations. C'est aussi à Sardes que naquit le poète Alcman (seconde moitié du viie siècle), qui devait plus tard se fixer à Sparte. Les Grecs établis en Lydie cherchèrent même à jouer un rôle politique et ils tentèrent d'évincer Crésus pour le remplacer par un des leurs.

Les Mermnades, quant à eux, ne manquaient pas d'afficher leur philhellénisme. À la cour de Crésus se pressaient non seulement les marchands et les hommes politiques, mais aussi un groupe de personnages illustres qui forment, dans une tradition peu soucieuse d'exactitude chronologique, les Sept Sages, et notamment le savant Thalès, le philosophe Bias, des hommes d'État tels que Pittacos de Mytilène ou Solon. Les Mermnades témoignent aussi leur respect des divinités de la Grèce. Ainsi, au début du règne de Crésus, les Éphésiens révoltés obtinrent leur pardon grâce à une ruse qui consistait à réunir par une corde leur citadelle et le temple d'Artémis. Sparte reçut l'or nécessaire à l'exécution d'une statue d'Apollon. Des offrandes furent faites à Apollon Isménien de Thèbes et au héros Amphiaraos d'Oropos en Béotie, mais les ambassades les plus fameuses furent dirigées, avec habileté, sur Delphes, où ex-voto, statues et bijoux s'accumulèrent ; en échange de ces présents, Delphes accorda au roi le droit de cité, la priorité dans la consultation de l'oracle, une place d'honneur aux Jeux, toutes marques qui équivalaient à conférer un brevet d'hellénisme. Au vrai, la possession du littoral asiatique suffisait à Crésus, qui cherchait à gagner seulement l'amitié des habitants des îles et de la Grèce d'Europe. Mais, en même temps, l'hellénisme pénétrait à l'intérieur de l'Asie.

La civilisation lydienne ne manquait pas non plus de présenter un certain attrait aux yeux des Grecs. Sans être vraiment des créateurs, les Lydiens étaient des initiateurs qui combinaient les éléments orientaux et ceux en provenance de l'Égée. Il est donc difficile de dégager des traits exclusivement lydiens, à commencer par la langue, disparue dès l'époque de Strabon (ier siècle av. J.-C.). Le tombeau d'Alyatte, avec son tumulus, était de type phrygien. Ce furent pourtant les Lydiens qui frappèrent pour la première fois, dès le règne de Gygès, une monnaie faite d'électrum, un alliage naturel d'or et d'argent ; au milieu du vie siècle, Crésus frappait l'or pur et l'argent, et se livrait à la première expérience de bimétallisme, dans le but de conférer à son numéraire une valeur universelle. Cette invention devait être adoptée par les cités ioniennes puis, au cours du viie siècle, par les cités commerçantes de Grèce.

Dans le domaine musical, les Lydiens allièrent l'héritage assyrien aux créations des Phrygiens, et leurs airs de flûte furent adoptés par les Grecs. Grâce à la Lydie, les calculs des astrologues et les cartes des géographes babyloniens se transmirent à l'école de Milet. C'est enfin aux Lydiens que l'on doit les jeux de hasard[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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