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LYDOS (actif env. 560-530 av. J.-C.)

Vers le milieu du ~ vie siècle, la céramique attique à figures noires a atteint sa maturité. Des artistes comme Sophilos et Clitias ont déjà produit d'indiscutables chefs-d'œuvre, et il est désormais difficile aux peintres plus jeunes de faire mieux que leurs aînés. Les grands thèmes inspirés par l'épopée, la mythologie ou la vie quotidienne ont déjà tous fait leur apparition, et ce n'est que dans la façon formelle de traiter ces thèmes que les nouveaux venus peuvent faire la preuve de leur talent et de leur originalité. De fait, trois personnalités se détachent parmi les peintres de vases du moment ; et deux noms nous sont connus par des signatures : Néarchos, héritier direct de Clitias, dont il possède la délicatesse de dessin avec, en plus, l'art d'exprimer des sentiments humains sur certains visages (ainsi sur celui d'Achille en train de flatter l'un de ses chevaux, sur un canthare fragmentaire, Musée national, Acr., 611, Athènes) ; le Peintre de l'Acropole 606, artiste anonyme ainsi nommé d'après le numéro d'inventaire de son œuvre la plus marquante, un dinos (grand vase utilisé pour faire le mélange de l'eau et du vin) trouvé sur l'Acropole d'Athènes et décoré d'une scène complexe de combat auprès de chars qui révèle bien le style grandiose et coloré du peintre ; Lydos enfin, dont le nom signifie « le Lydien » et qui était donc à coup sûr d'origine étrangère.

On a dit de ce peintre qu'il « résume toutes les tendances de son époque » (F. Villard, Les Vases grecs, 1956). Son œuvre est en effet abondante : on ne lui attribue pas moins d'une centaine de vases ou de fragments (dont deux portant sa signature), et l'on rapproche de sa production celle de plusieurs autres peintres qui semblent avoir étroitement collaboré avec lui, sans doute au sein d'un même atelier. La qualité de cette importante production, qui comprend non seulement beaucoup de grands vases tels que cratères, hydries et amphores mais aussi des vases plus petits, en particulier des plats et des coupes, est inégale. Dans un certain nombre d'œuvres, Lydos reste fidèle à la tradition des peintres de la première moitié du ~ vie siècle, et il est un des derniers artistes athéniens à placer sur certains de ses grands vases une ou plusieurs files d'animaux dessinés avec soin et rehaussés de couleurs (rouge et blanc). Mais, lorsqu'il le veut, Lydos est capable de dépouiller son œuvre des éléments superflus et de composer des tableaux d'une profonde valeur dramatique. Il sait alors, comme Néarchos, traduire des sentiments sur un visage, en particulier par sa façon de dessiner les lèvres, ouvertes ou fermées, plus ou moins tendues, selon l'effet recherché. Les gestes peuvent aussi être expressifs, avec plus de naturel dans les mouvements : gestes de douleur sur une plaque et sur une coupe fragmentaires d'Athènes (respectivement coll. Vlasto et Musée du Céramique, inv. 1687) sur lesquelles était figurée une scène de lamentation funèbre ; gestes de gaieté folâtre sur un cratère (Metropolitan Museum, no 31.11.11, New York) représentant le retour d'Héphaistos vers l'Olympe en compagnie de Dionysos, de satyres et de ménades. La variété des attitudes jointe à la solidité massive et énergique des corps suggère, du point de vue plastique, la troisième dimension.

Mais l'apport principal de l'artiste est sans doute d'avoir su, dans quelques cas, en particulier sur des amphores, concentrer le décor en le limitant à deux tableaux bien encadrés — un sur chaque face — plutôt que d'en disperser l'intérêt en plusieurs frises superposées. C'est ainsi que sur l'une des faces d'une amphore (British Museum, B 148, Londres), l'action se réduit au combat de Thésée contre le Minotaure, entre quatre spectateurs ; sur une autre amphore (Staatliche[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'archéologie d'Athènes, docteur ès lettres, professeur de civilisation grecque à la Sorbonne (Paris IV)

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