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HARRELL LYNN (1944-2020)

Le violoncelliste Lynn Harrell naît à New York le 30 janvier 1944 au sein d’une famille de musiciens. Sa mère, Marjorie McAllister Fulton (1909-1962), est violoniste professionnelle. Son père, le baryton Mack Harrell (1909-1960), pilier du Metropolitan Opera de New York entre 1948 et 1958, s’est distingué lors de plusieurs créations mondiales – Ode à Napoléon Bonaparted’Arnold Schönberg (1942), The Warrior de Bernard Rogers (1947) – et premières américaines – The Rake’s Progress de Stravinsky (1953), Christophe Colomb (1952) et David (1956) de Darius Milhaud. Dès ses huit ans, l’enfant s’initie au piano, mais préfère très vite le violoncelle. La carrure athlétique de l’adolescent semble lui promettre une belle carrière sportive, mais la rencontre avec un ancien élève de Gregor Piatigorsky, Lev Aronson, l’oriente définitivement vers la musique et l’étude de l’instrument. À la fin de ses études secondaires, il entre à la Juilliard School de New York puis au Curtis Institute de Philadelphie où il travaille successivement avec Leonard Rose et Orlando Cole. En l’espace de deux ans, il perd l’un après l’autre ses deux parents et doit, à dix-huit ans, gagner sa vie. Un ami de son père, George Szell, le recrute dans le pupitre des violoncelles de l’Orchestre de Cleveland qu’il dirige. Il sera, de 1965 à 1971, le plus jeune violoncelliste solo de l’histoire de la formation.

Après la mort de Szell, en 1970, il se lance dans la carrière de soliste et fait ses débuts au Carnegie Hall de New York. Il partage, en 1975, avec le pianiste Murray Perahia le prestigieux Avery Fisher Prize. Son jeu, à la fois robuste et coloré, généreux et nuancé, fait la conquête des critiques et du public. Il joue et enregistre, de Vivaldi à Henri Dutilleux, les principaux concertos pour violoncelle du répertoire avec les chefs d’orchestre les plus réputés. Il est, en 1994, le soliste du KolNidrei de Max Bruch lors de la première commémoration de l’Holocauste au Vatican, interprétation retransmise dans le monde entier. Au concert comme au disque, le chambriste n’est pas moins recherché, avec des partenaires tels que Vladimir Ashkenazy, Bruno Canino, André Previn, Stephen Kovacevich, Anne-Sophie Mutter ou le Quatuor LaSalle. Au sommet de sa discographie trônent l’intégrale des trios à cordes de Beethoven (avec Itzhak Perlman et Pinchas Zuckerman), celle des trios avec piano de Beethoven et Brahms (avec Vladimir Ashkenazy et Itzhak Perlman), ainsi qu’un très remarquable album consacré à la musique de chambre de Sergueï Taneïev où il côtoie Nobuko Imai, Ilya Gringolts, Vladimir Repin et Mikhail Pletnev.

Lynn Harrell joue un Tecchler de 1711, un Montagnana de 1720, l’un des deux Stradivarius, datant de 1673, que possédait la violoncelliste Jacqueline Du Pré, ainsi qu’un instrument de facture moderne signé Christopher Dungey. Parmi les créations auxquelles il a participé, il faut citer le concerto pour violoncelle – qui lui est dédié – de Donald Erb (1976), le concerto pour violoncelle de Karel Husa (1989), la sonate pour violon et violoncelle – avec Augustin Dumay – de Wolfgang Rihm (1989), le Trio n1 de Marc-André Dalbavie (2008) et le concerto pour violoncelle no 3, Legend of the Phoenix d’Augusta Read Thomas (2013). Son parcours de professeur est particulièrement dense. Il enseigne à la Juilliard School de New York (1977-1986), succède à Gregor Piatigorsky à l’université de Caroline du Sud (1986), est nommé à la Royal Academy of Music de Londres (1993). Par ailleurs, il dirige le Los Angeles Philharmonic Institute (1988-1992). Avec son épouse, la violoniste Helen Nightingale, il crée en 2010 la Fondation HEARTbeats destinée à venir en aide aux enfants éprouvés par la guerre et la pauvreté.

Lynn Harrell meurt à Houston (Texas) le 27 avril 2020.

— Pierre BRETON

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