LYSOGÉNIE
Fréquence et rôle de la lysogénie
La fréquence de la lysogénie est très variable. Certaines espèces, surtout parmi les Entérobactériacées, sont très souvent lysogènes : tous les lysotypes de Salmonella paratyphi B (P. Nicolle et Y. Hamon), tous les lysotypes de Yersinia enterocolitica (P. Nicolle, H. Mollaret et J. Brault), de nombreuses souches du sérotype O111 : B4 d'Escherichia coli appartenant au lysotype Sèvres, etc. En revanche, malgré de nombreux essais, il n'a pas été possible de déceler la moindre production spontanée de phage parmi les souches de Yersinia pestis et Yersinia pseudotuberculosis. Cependant, ces deux espèces sont sensibles à de nombreux phages. En outre Yersinia pestis, contaminée par un phage, forme avec lui une association très étroite qui, par certains côtés, rappelle la lysogénie. Faute d'avoir pu en connaître la nature exacte, on s'est vu contraint à l'appeler provisoirement une pseudolysogénie (G. Girard), bien que ce terme ait été proscrit par Lwoff.
La lysogénie a un rôle dans la détermination des lysotypes de certaines espèces bactériennes. J. Craigie avait montré que, dans la lysotypie de Salmonella typhi qui porte son nom, le lysotype A est sensible à toutes les préparations adaptées du phage Vi II, tandis que le lysotype D1 n'est sensible qu'aux phages du groupe D. La résistance du lysotype D1 aux autres phages est causée par la présence du prophage d1 dont le phage correspondant n'est nullement apparenté au phage D1. Il s'agit donc là d'une prémunition non spécifique.
P. Nicolle et Y. Hamon, en 1951, ont généralisé cette notion en l'appliquant à Salmonella paratyphi B : la lysogénie, dans sa variété, est en effet la cause principale de la diversification de cette espèce bactérienne en ses lysotypes tels qu'on les met en évidence par la méthode de Felix et Callow.
A. Felix et E. S. Anderson, puis Anderson seul, ont peu après obtenu des résultats semblables dans leur étude de la lysogénie de Salmonella typhi. Il en est de même pour de nombreuses autres lysotypies, en particulier celles de Staphylococcus aureus et de Yersinia enterocolitica.
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Écrit par
- Pierre NICOLLE : docteur en pharmacie et en médecine, chef de service honoraire à l'Institut Pasteur
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