MACÉDOINE DU NORD, anc. MACÉDOINE
Nom officiel | République de Macédoine du Nord (MK) 1
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Chef de l'État | Gordana Siljanovska-Davkova (depuis le 12 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Talat Xhaferi (depuis le 28 janvier 2024) |
Capitale | Skopje |
Langues officielles | Albanais, macédonien |
Unité monétaire | Denar (MKD) |
Population (estim.) |
1 814 000 (2024) |
Superficie |
25 436 km²
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La Macédoine indépendante
Une difficile reconnaissance
Contrairement aux autres républiques de l'ex-Yougoslavie, la Macédoine aura du mal à obtenir sa reconnaissance internationale malgré l'avis favorable de la commission Badinter (commission d'arbitrage sur la reconnaissance des républiques de l'ex-Yougoslavie) en janvier 1992. La Grèce s'oppose à sa reconnaissance, car elle craint des visées irrédentistes de la Macédoine : affaire du drapeau (la Macédoine a utilisé dans un premier temps le soleil de Verghina, emblème de la dynastie macédonienne antique), du nom (la Grèce estime que le terme Macédoine ne s'applique qu'à sa province du Nord) et de deux articles de la Constitution faisant référence à la Grande Macédoine. Skopje doit donc attendre le 8 avril 1993 pour être admise à l'ONU sous le nom d’Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM), en anglais Former Yugoslav Republic of Macedonia (FYROM). Athènes ne renonce pas et décrète unilatéralement le blocus de la Macédoine le 16 février 1994. Mais, isolée diplomatiquement, la Grèce accepte de lever l'embargo en octobre 1995 à la condition que Skopje change de drapeau. Cette difficile reconnaissance a pénalisé la Macédoine en la tenant à l'écart des organismes politiques et économiques internationaux ; ce fait, lié au blocus, a favorisé l'émergence d'une économie « grise », voire mafieuse.
Outre les dangers extérieurs qui ont conduit les États-Unis à envoyer des casques bleus américains en Macédoine dès juillet 1993, c'est le problème de la minorité albanaise qui risque de déstabiliser le pays de l'intérieur.
Les revendications albanaises
Les recensements de 1991 et 1994 comptabilisaient 23 % d'Albanais pour 66 % de Macédoniens (les autres minorités sont par ordre d'importance les Turcs, les Tsiganes, les Serbes et les Valaques). Mais les Albanais contestent ces résultats et, forts de dizaines de milliers d'Albanais du Kosovo vivant plus ou moins illégalement en Macédoine, ils déclarent représenter 40 % de la population et revendiquent la moitié du pouvoir. Dès janvier 1992, ils organisent un référendum unilatéral en Macédoine occidentale, où ils sont largement majoritaires pour demander leur autonomie politique et territoriale. Les premiers affrontements interethniques font quatre morts à Skopje en novembre 1992. Par ailleurs, en décembre 1993, les extrémistes sécessionnistes tentent, en vain, avec l'aide de Tirana de prendre le contrôle du PPD Devant leur échec, ils fondent l'année suivante le Parti pour la prospérité démocratique des Albanais de Macédoine (PPDAM) -qui, grâce à des financements occultes, renforce sa présence localement au point de faire jeu égal avec les modérés lors des élections municipales de novembre-décembre 1996. En février 1995, les Albanais inaugurent une université libre dans leur fief de Tetovo. L'arrestation des dirigeants de cette université sauvage entraîne de violentes manifestations au printemps de 1995 et à l'été de 1996. En janvier 1997, pour contrer cette opposition, le pouvoir macédonien, qui autorise depuis longtemps l'enseignement en albanais dans le primaire et le secondaire, l'élargit à l'école normale d'instituteurs. Cette fois, ce sont les étudiants macédoniens qui, en février 1997, manifestent quotidiennement dans Skopje, pour dénoncer la part trop belle faite aux Albanais. Ainsi, dès 1996, la rupture entre les deux communautés est consommée, et les troubles en Albanie au début de 1997 font courir de sérieux risques à l'intégrité de la république de Macédoine.
Mise en place d'une vie politique démocratique
Comme dans l'ensemble des Balkans, la démocratisation ne s'opère pas sans difficultés en Macédoine. La coalition au pouvoir garde ses réflexes communistes, freine la liberté[...]
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Écrit par
- Maria BEZANOVSKA : journaliste spécialisée
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée - Blaze KONESKI : professeur, membre de l'Académie macédonienne des sciences et des arts
- Michel ROUX : professeur émérite
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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