MACHU PICCHU
Des secteurs industriels et populaires
Le côté oriental de la place recèle tout un ensemble de résidences, au plan disparate et intelligible au premier abord, parcouru par des ruelles. Ces groupes de bâtisses, dont l'agencement se répète indéfiniment, se composent chacun d'une entrée couverte et d'un patio central entouré par cinq ou six pièces édifiées sur des terrasses.
Des constructions plus petites, et moins bien élaborées que les précédentes, s'étendent au sud-est de la cité, dans des quartiers que Bingham considérait comme artisans ouvriers ou industriels, en raison du grand nombre d'objets artisanaux qu'il y exhuma. Chacun de ces quartiers se divise, à son tour, en unités résidentielles situées autour de patios ou sur de petites terrasses. On y trouve notamment l'édifice « des mortiers », avec ses cercles de pierre localisés à ras du sol, que certains chercheurs considèrent comme les mortiers d'un atelier de céramistes. D'autres préfèrent leur attribuer une fonction rituelle : ils auraient servi à recevoir des libations de chicha, la bière de maïs, lors de certaines cérémonies ou auraient été utilisés comme de petits observatoires que l'on remplissait d'eau pour examiner, comme dans un miroir, le reflet du soleil, de la lune et d'autres astres à certains moments de l'année. Quant au secteur nord du quartier industriel, il abrite le groupe des « trois façades », un ensemble de trois édifices comparables en taille, dans leur distribution et dans le nombre de leurs habitations, mais surtout aux façades identiques, situées côte à côte. Enfin, plus au sud, se dresse le Temple du Condor ou Groupe des prisons. Il s'agit d'un labyrinthe de ruelles sans issue, de cellules et de niches (certaines souterraines) au centre duquel se trouve la tête sculptée d'un condor, dont les ailes sont constituées par des formations rocheuses. Un passage étroit permet d'accéder à une minuscule chambre souterraine. La partie supérieure de l'édifice abrite des constructions qui auraient pu faire office de cachots.
Un quartier d'édifices plus sommaires, probablement destiné aux serviteurs et aux personnages de basse catégorie, s'étend vers le bas à l'angle sud-est de la cité. Tous ces bâtiments étaient autrefois recouverts d'un toit de chaume ou d'une fausse voûte.
Les récents travaux entrepris à Machu Picchu montrent qu'en dépit de son extension et de l'importance de ses constructions, ce site ne paraît pas avoir connu une forte densité de population ; elle est estimée à quelques 1 500-2 000 personnes. Mais Machu Picchu est aujourd'hui victime de son succès. L'impact du tourisme de masse, la déforestation des lieux, et la mauvaise gestion du site sont autant de dangers qui le menacent à court terme.
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Écrit par
- Patrice LECOQ : maître de conférences en archéologie andine à l'université de Paris-I
Classification
Média