MACKENZIE, fleuve
Population et économie
La ville d’Inuvik, de loin l’agglomération la plus importante sur le Mackenzie (3 500 habitants environ au début des années 2020), est localisée dans le delta du fleuve, à une centaine de kilomètres de la mer de Beaufort. Les autres localités qui jalonnent son parcours, comme Tsiigehtchic, Tulita ou Fort Simpson (du nord au sud), comptent moins de 1 000 habitants chacune. Yellowknife, la capitale et la plus grande ville des Territoires du Nord-Ouest, est située à la pointe nord du grand lac des Esclaves, où le fleuve prend sa source. Fort McMurray, dans le nord-est de l’Alberta, au confluent des rivières Athabasca et Clearwater, est l’agglomération la plus importante du bassin du Mackenzie.
Les peuples autochtones représentent environ la moitié de la population totale des Territoires du Nord-Ouest. Parmi ceux qui habitent la vallée du Mackenzie, on distingue généralement les Inuvialuit sur la côte arctique et les Dénés le long du fleuve. Cette dernière appellation désigne plusieurs nations et groupes linguistiques, dont les Gwich’in, les Dénésulines, les Tlichos, les Sahtu Déné, les Dehcho. La plupart des petites localités sont à forte majorité autochtone, alors que Yellowknife compte une forte population allochtone. Les plus grands centres urbains accueillent d’importantes minorités ethniques : la mosquée la plus septentrionale du Canada, la mosquée du Soleil de minuit, a ouvert ses portes à Inuvik en 2010, pour accueillir des populations principalement d’origine soudanaise et libanaise.
Les premières tentatives du gouvernement du Canada de s’arroger les titres de propriété des terres du bassin du Mackenzie remontent au traité no 8, signé en 1899 et au traité no 11, signé en 1921, qui visait le nord de la vallée du Mackenzie. Ces textes ont donné lieu au fil du temps à d’importantes divergences d’interprétation, entre traités de paix et d’amitié et accords de cession des titres ancestraux de propriété. C’est ce qui a conduit la justice à recommander, en avril 1977, un moratoire de dix ans sur la construction de pipelines dans la vallée du Mackenzie pour permettre le règlement des revendications territoriales des peuples autochtones de la région.
Depuis lors, des ententes sur les revendications territoriales ont été conclues entre l’État canadien et les Inuvialuit (1984) – ceux-ci donnent au Mackenzie le nom de Kuupak –, les Gwich’in (1992) – qui lui donnent le nom de Nagwichoonjik –, et les Dénés et Métis du Sahtu (1994) – qui lui donnent le nom de Deh Cho. L’accord conclu avec les Tlichos en 2003 inclut non seulement les revendications territoriales, mais aussi l’autonomie gouvernementale, une première dans la région.
À partir des années 1920, et avec le déclin progressif du commerce des fourrures qui avait été le pilier de l’économie du bassin du fleuve depuis le xixe siècle, les minerais et les hydrocarbures ont gagné en importance. La production de pétrole et de gaz naturel à Norman Wells, le forage extracôtier (ou offshore) dans la mer de Beaufort, et l’extraction du diamant, de l’or et de l’uranium à l’intérieur des terres et sur les rives du grand lac de l’Ours et du grand lac des Esclaves constituent les principales activités. Dans celui-ci, la pêche commerciale a été ouverte en 1945. On compte aussi l’exploitation des sables bitumineux dans le nord de l’Alberta et la production d'hydroélectricité sur la rivière de la Paix dans le nord de la Colombie-Britannique. Ces activités procurent certes de l’emploi et de la richesse à la population locale, mais elles ne sont pas sans affecter les écosystèmes terrestres et aquatiques, ainsi que la santé des espèces fauniques.
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Écrit par
- Liza PIPER : professeure agrégée, département d'histoire et d'études classiques de l'université de l'Alberta (Canada)
- J. Lewis ROBINSON : auteur
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