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MACROÉCONOMIE Croissance économique

Le terme « croissance » désigne l'augmentation du volume de la production de biens et de services d'une année sur l'autre. Les chroniqueurs économiques parlent ainsi d'accélération ou de ralentissement de la croissance pour caractériser une année particulière. Toutefois, les économistes préfèrent réserver le terme de croissance à une augmentation tendancielle de la production par tête, qui entraîne sur une longue période une multiplication du volume de biens et de services disponibles en moyenne pour un habitant d'un pays. La croissance décrit ainsi un phénomène plus restreint que le processus de développement, lequel intègre généralement, au-delà du revenu par tête, l'espérance de vie et le niveau d'éducation. Sur la base de l'histoire des pays dits développés, la croissance apparaît comme la condition sine qua non du développement.

Après avoir connu un régime stationnaire avant la révolution industrielle de la fin du xviiie siècle, la production par tête des pays développés a été multipliée par plus de 15, en moyenne, en moins de deux siècles. Derrière cette croissance prodigieuse du revenu moyen se cachent des inégalités entre individus, voire la pauvreté. Toutefois, le niveau de vie de la grande majorité des habitants de ces pays est sans conteste largement supérieur à celui de leurs ascendants. Cette croissance recouvre aussi des disparités temporelles. Ainsi, la croissance de l'après-Seconde Guerre mondiale, la période dite des Trente Glorieuses, fait figure d'exception : elle a été marquée, en France par exemple, par des taux de croissance anormalement élevés, de l'ordre de 4 p. 100 par an, alors que d'autres sous-périodes se caractérisent par des taux moyens annuels proches de 1,5 p. 100 dans ce même pays. D'autres pays n'ont pu profiter de cette longue période de croissance et sont encore en voie de développement. Ils connaissent des taux de croissance faibles, voire négatifs, qui ne sont pas sans rappeler les taux qui caractérisaient les pays développés avant la révolution industrielle. Les écarts de revenu par tête, loin de se réduire, se sont creusés au cours du dernier siècle avec la majorité des pays africains et sud-américains. Pourtant, certains pays ont réussi à décoller grâce à une longue période de croissance. C'est le cas de pays du Sud-Est asiatique (Corée du Sud, Taiwan...), dont l'expérience souligne qu'il est toujours possible d'espérer prendre en route le train de la croissance, même deux siècles après la révolution industrielle.

Les plus grands économistes (Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Joseph Schumpeter, Robert Solow, Douglas North, Robert Lucas) ont cherché à élucider les ressorts de la croissance et les conditions de sa pérennité. Quels sont les facteurs à l'origine de ce phénomène ? Pourquoi certains pays n'arrivent-ils pas à décoller ? Quelles sont les responsabilités respectives de l'initiative privée et de l'intervention publique dans ce phénomène ? Ces questions ont d'autant plus d'acuité que la croissance participe à l'amélioration des conditions de vie. N'existe-t-il pas cependant un conflit d'intérêts entre, d'une part, cette augmentation des quantités de biens produits et, d'autre part, les efforts consentis pour obtenir ce résultat ? Cette question essentielle pose le problème de l'optimalité de la croissance.

L'ensemble de ces questions, qui sont au cœur des théories économiques de la croissance, seront traitées dans cet article. Une première partie présente la croissance comme le résultat d'un processus d'accumulation. La seconde expose les conditions qui permettent d'atteindre un niveau de croissance optimal.

Croissance et accumulation

La production consiste à transformer des ressources[...]

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