MACROÉCONOMIE Croissance économique
Optimalité, incitations et intervention de l'État
La croissance est le fruit de l'accumulation d'un capital multidimensionnel. Faut-il en déduire que les États dans le monde devraient chercher à augmenter le plus possible ce taux d'accumulation ? Dans les économies de marché, l'accumulation résulte de décisions privées. Ce sont les ménages qui épargnent, qui déterminent leur montant de capital humain, et les entreprises qui investissent et innovent. Pour modifier ces comportements, il faut comprendre leurs déterminants et, plus généralement, dégager les conditions d'une croissance optimale. À cet égard, le taux d'accumulation optimal n'est pas nécessairement maximal. Il ne faut pas oublier, en effet, qu'une élévation du niveau du revenu par tête n'implique pas nécessairement que les conditions de vie s'améliorent : une accumulation plus intense peut se faire au détriment de la consommation.
Et ce n'est qu'une fois définies les conditions d'une croissance optimale que doit se poser la question de savoir si les décisions décentralisées des agents privés sont suffisantes pour les atteindre ou si l'intervention de l'État est nécessaire. L'État peut alors inciter les agents à intensifier leur accumulation individuelle, si cette dernière est socialement sous-optimale. Il peut même suppléer à l'accumulation privée là où il est nécessaire de faire des investissements collectifs.
La croissance optimale
La croissance est-elle globalement synonyme de plus de bien-être ? Cette question est essentielle et pose le problème de l'optimalité de la croissance.
La règle d'or
Les économistes sont les premiers à reconnaître que la croissance du revenu par tête ne peut être une fin en soi. Si les individus devaient renoncer à consommer leur revenu afin d'épargner et ainsi accumuler du capital permettant de produire toujours plus de machines, la production augmenterait certainement, mais leurs besoins et leurs désirs ne seraient pas satisfaits. Or, parce que la croissance désigne une augmentation continue de la quantité et de la qualité des biens et des services, elle peut conduire à satisfaire plus de besoins et de désirs. La question de l'optimalité de la croissance du revenu par tête prend en compte ces antagonismes potentiels et renvoie alors moins au niveau du revenu qu'aux conditions de vie appréhendées par la consommation moyenne.
Le modèle de croissance proposé par Solow permet de montrer qu'il existe un sentier de croissance régulier qui maximise le niveau de la consommation par tête, lorsque coût et gain en termes de consommation d'une accumulation plus élevée s'égalisent, c'est-à-dire lorsque la productivité marginale du capital, nette de la dépréciation du capital, est égale au taux de croissance de l'économie : c'est le sentier de la règle d'or (Phelps, 1961). La règle d'or identifie le niveau de capital et, donc, le taux d'épargne qui permettent d'atteindre la consommation maximale, une fois le sentier de croissance régulier atteint.
Préférence pour le présent et altruisme intergénérationnel
Si le niveau d'accumulation dépasse celui de la règle d'or, baisser le taux d'épargne conduit à augmenter le niveau de la consommation à la fois dans la transition et sur le sentier de croissance régulier de la règle d'or, ce qui ne devrait pas remettre en cause le souhait d'atteindre ce sentier. Partant en revanche d'un niveau de capital d'état stationnaire plus faible que celui de la règle d'or, l'augmentation du taux d'épargne provoque transitoirement un taux de croissance du capital supérieur à celui de long terme. Les premières générations doivent ralentir leur consommation afin de soutenir cet effort d'accumulation. Or elles n'accepteront pas forcément d'élever leur taux d'épargne afin que la consommation[...]
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Écrit par
- Jean-Olivier HAIRAULT : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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