Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MACROÉCONOMIE Emploi

L' emploi désigne tout processus d'affectation des personnes à des tâches économiquement reconnues, le plus souvent rémunérées. En un sens plus large, le terme peut évidemment s'appliquer à l'utilisation d'un facteur de production (emploi d'un capital), voire d'un instrument quelconque (emploi d'un outil, de la persuasion ou de la force, etc.). Mais il s'applique prioritairement au travail des hommes, et c'est en ce sens traditionnel qu'il sera entendu ici.

La persistance du chômage dans de nombreux pays développés a fait que l'attention s'est portée quasi exclusivement sur le travail rémunéré et formellement reconnu comme tel, qu'il soit durable ou occasionnel, salarié ou non salarié. Le défi central de la politique économique est ainsi le « niveau de l'emploi » : sera-t-il suffisant pour occuper la population active ? Il convient pourtant de ne pas oublier le travail non rémunéré : tâches domestiques dans les pays les plus développés, tâches domestiques et surtout production informelle dans les pays moins développés. À l'échelle de la planète, cet emploi non officiel et/ou non rémunéré domine de manière écrasante. Dans les pays du Tiers Monde, près de 70 p. 100 des personnes en âge de travailler vivent de travail informel, et plus de la moitié des heures travaillées en France au tournant du siècle sont des heures de travail domestique non rémunéré (entretien du foyer, soin des enfants).

L'emploi rémunéré « officiel » est ainsi, même dans les pays riches, une réalité à la fois dominante et minoritaire. Dominante parce que nos sociétés valorisent le statut de travailleur rémunéré, et marginalisent l'inactif et le chômeur. Minoritaire parce que cet emploi visible n'est en somme que la partie émergée d'un iceberg. À l'heure où bien des écrits se focalisent exclusivement sur la quantité des emplois officiels disponibles dans un pays pour juger du succès de son économie, cet élargissement préalable du sujet est utile, d'autant plus que les emplois s'apprécient aussi, et nécessairement, en qualité. Il existe encore, un peu partout dans le monde, trop d'emplois insalubres, sinon simplement dangereux, ou humiliants dans la dépendance et la routine qu'ils comportent.

À des fins d'analyse, toutefois, se limiter aux emplois rémunérés tels qu'ils apparaissent dans les pays développés à économie de marché permet de capter l'essentiel, et ce d'un double point de vue. D'un côté, ces pays rassemblent l'immense majorité des données et des études disponibles ; d'un autre, et surtout, la prévalence de l'emploi salarié qui s'y constate – plus de 90 p. 100 des emplois rémunérés en France au début des années 2010 et l'ordre de grandeur se retrouve un peu partout – manifeste, isolée et comme pure, la logique de l'utilisation des ressources humaines. L'employeur seul est censé prendre les décisions économiques qui orientent et réalisent la production, et ses rapports avec les employés, largement quantifiables (via les horaires, voire les rythmes de travail) ou monétarisés (via les salaires, les cotisations, les primes, etc.), peuvent ainsi être observés et étudiés séparément. Il n'en va pas de même pour l'emploi informel et pour l'emploi non salarié (le travailleur « à son compte »), qui combinent inextricablement le recours au capital avec l'utilisation du travail : les gains issus de tels emplois mêlent la rémunération du capital à celle du travail et il est plus délicat de les analyser.

Même dans ce cadre ainsi circonscrit, ce que l'on sait de l'emploi reste complexe, voire controversé. Un tel état des savoirs est fréquent en économie et se comprend bien dans un domaine où il s'agit d'hommes, de leurs moyens[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite de sciences économiques à l'université de Paris-I

Classification

Médias

Courbe de Phillips - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbe de Phillips

Courbe de Phillips de longue période - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbe de Phillips de longue période

Diagramme WS/PS (« wage setting/price setting ») - crédits : Encyclopædia Universalis France

Diagramme WS/PS (« wage setting/price setting »)

Autres références

  • AGRÉGAT ÉCONOMIQUE

    • Écrit par
    • 1 488 mots

    Au sens premier, un agrégat est un assemblage de parties qui forment un tout. Dans le vocabulaire économique moderne, le mot désigne une grandeur caractéristique de l'économie nationale et, plus généralement, une grandeur globale synthétique représentative d'un ensemble de grandeurs particulières. Le...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    Puisque les variables macroéconomiques résultent de la conjugaison des actions individuelles, elles sont également conditionnées par les prévisions. Donnons quelques exemples :
  • CAPITAL

    • Écrit par
    • 1 387 mots
    Cette façon de concevoir la société est, en partie, sous-jacente dans les représentations actuelles de ce que les économistes appellent la macroéconomie, lorsqu'ils considèrent que le produit national est obtenu à partir du capital et du travail. Mais à la vision d'une lutte pour le partage du produit...
  • CHÔMAGE - Politiques de l'emploi

    • Écrit par
    • 7 302 mots
    • 2 médias
    Les évaluations macroéconomiques mesurent l'impact des politiques de l'emploi sur l'emploi, le chômage, les salaires, ou encore sur les flux sur le marché du travail, au niveau global. Elles utilisent des données agrégées, et éventuellement des modèles macroéconométriques existants.
  • Afficher les 27 références