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MACROÉCONOMIE Politique économique

Les politiques structurelles

La France a connu à partir de la fin des années 1970 une croissance molle et un taux de chômage élevé. Faut-il y voir les conséquences d'un réglage conjoncturel déficient ? Les exigences de la construction monétaire européenne auraient imposé une politique de rigueur trop accentuée et fini par engendrer une faiblesse structurelle de la demande. La comparaison avec les expériences plus réussies de ses partenaires européens amène pourtant à douter que ce puisse être la cause principale des difficultés françaises. Il est nécessaire, en tout cas, d'examiner les problèmes de fond dont souffre l'économie et de proposer des politiques structurelles destinées à y remédier. Les principales sont les politiques d'emploi et les politiques de croissance.

Les premières visent à diminuer le taux de chômage naturel, c'est-à-dire le taux de chômage d'équilibre autour duquel gravite le taux effectif. On sait depuis longtemps que des rigidités, comme l'existence d'un salaire minimum, peuvent expliquer le caractère trop élevé du taux naturel. Mais les analyses du marché du travail menées depuis les années 1980 prennent beaucoup mieux en compte sa complexité. Elles mettent l'accent sur l'hétérogénéité, à la fois catégorielle et individuelle, des travailleurs ; la recherche d'emploi et les problèmes d'appariement ; le rôle éventuellement désincitatif, mais évidemment nécessaire, de la fiscalité et de l'indemnisation. Les politiques d'emploi destinées à redynamiser le marché du travail prennent donc des formes précises, allant au-delà de la simple volonté de flexibilisation du marché. La redéfinition du contrat de travail, les subventions à l'emploi des travailleurs non qualifiés, la prime pour l'emploi destinée à encourager la reprise d'activité, les politiques actives d'accompagnement des chômeurs, le couplage entre amélioration de l'indemnisation et obligation d'accepter les propositions d'emploi sont les principales orientations. La réduction de la durée légale hebdomadaire du temps de travail à trente-cinq heures a aussi été mise en œuvre pour contribuer à réduire le chômage, mais sa logique peut être fortement contestée. Dans tous les cas, les effets de ces politiques doivent être analysés, mesurés et rapportés à leurs coûts. L'évaluation des politiques publiques est de plus en plus considérée comme une nécessité.

Les politiques de croissance cherchent à augmenter le taux de croissance tendanciel de l'économie. En phase avec les nouvelles théories de la croissance endogène, elles mettent l'accent sur la recherche-développement et la formation supérieure. L'agenda de Lisbonne, adopté en 2000 par l'Union européenne leur offre un cadre général et des objectifs ambitieux. Le pourcentage du P.I.B. consacré à la recherche devrait atteindre 3 p. 100 en 2010, contre 1,9 p. 100 en 2000, et les deux tiers de ces dépenses devraient être réalisées dans les entreprises elles-mêmes. L'accumulation de capital humain, à travers l'amélioration de l'enseignement supérieur, apparaît aussi comme une nécessité pour maintenir l'Europe à la frontière de l'innovation. L'environnement légal de l'innovation, enfin, est un facteur clé. Quel compromis faut-il trouver entre la défense de la propriété intellectuelle, nécessaire pour assurer à la recherche une rémunération suffisamment incitative, et la volonté de maintenir une concurrence suffisante et la possibilité pour de nouveaux entrants de prendre pied dans les domaines porteurs ? Ces politiques de la concurrence et de l'innovation sont maintenant conçues au niveau européen. Elles nous ramènent aux questions d'allocation des ressources. L'imbrication des trois objectifs de Musgrave est bien au cœur des politiques macroéconomiques[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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