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MACROÉCONOMIE Systèmes financiers

L'analyse comparative des systèmes financiers

Dès lors, on peut se demander si certaines formes d'organisation financière assurent mieux les fonctions qui viennent d'être évoquées, et donc si elles contribuent mieux que d'autres à l'obtention d'une croissance forte et stable. Répondre à cette question revient à mener une étude comparative des systèmes financiers. Ce qui nécessite au préalable de les classer, en fonction des éléments essentiels de leur architecture.

En ce sens, on oppose fréquemment les systèmes anglo-saxons dans lesquels prédominent les marchés, à ceux d'Europe continentale dans lesquels ce sont les banques qui occupent une place centrale. Pourtant, cette typologie est aujourd'hui battue en brèche.

D'abord, parce que le développement des marchés financiers dans la plupart des grandes économies a quelque peu affaibli cette classification : le système français, par exemple, est désormais dans une position hybride. Ensuite, parce que les activités bancaires et les opérations de marchés sont de plus en plus liées : des lignes de crédit viennent en substitution d'émissions de titres, certains crédits font l'objet de titrisation, les passifs bancaires sont de plus en plus constitués de ressources de marché. Enfin, les banques se comportent pour partie comme des intermédiaires de marché (elles placent des titres auprès de leurs clients), tandis que certaines institutions financières non bancaires (des fonds d'investissements ou des sociétés de capital-risque) nouent des relations de financement assez semblables à celles qui caractérisent les crédits bancaires.

Toutefois, même si ces évolutions rendent plus floue, dans la pratique, la distinction entre marchés et banques, l'opposition entre finance directe et intermédiation reste pleinement justifiée d'un point de vue analytique. Dans le premier cas, le contrôle des demandeurs de capitaux se fait dans le cadre d'une relation anonyme et décentralisée. Alors que dans le second, la relation est de nature bilatérale et hiérarchique. Cela a des conséquences sur le plan de l'efficience du système, d'une part, et sur celui de sa stabilité d'autre part.

Efficience des systèmes financiers

Les marchés financiers orientent les capitaux et contrôlent l'usage qui en est fait par les signaux contenus dans les prix d'actifs. Ceux-ci sont censés agréger l'ensemble des informations disponibles sur la valeur et la rentabilité des investissements possibles, ce qui incite l'épargne à se placer dans les emplois les plus productifs.

Par ailleurs, les marchés évaluent et sanctionnent les comportements des émetteurs : les titres d'une entreprise mal gérée se déprécient, ce qui augmente pour elle le coût du capital et freine son développement. De plus, cette dépréciation de ses titres rend la firme vulnérable en l'exposant à des prises de contrôle hostiles.

En conséquence, l'efficience des jeux de marché repose sur la qualité des informations, qui se cristallisent dans les prix. Or la production décentralisée d'information est fatalement imparfaite, car il faut que les agents qui y contribuent puissent en tirer profit. Et cela entre en contradiction avec le fait que l'information est librement diffusée par les marchés dès qu'elle a été produite. On se heurte à un problème classique de « passager clandestin » : chacun attendra que le voisin produise l'information nécessaire au bon fonctionnement du marché puisque l'on ne peut individuellement s'en approprier le bénéfice (Sanford Grossman et Joseph Stiglitz, 1980).

En définitive, l'insuffisante qualité des signaux de marché rendra le contrôle inefficace. D'autant que la liquidité des marchés est aussi de nature à décourager ce contrôle : pourquoi s'impliquer dans la gouvernance d'une entreprise[...]

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