MADAGASCAR, géologie
La dislocation du Gondwana et la série sédimentaire phanérozoïque
Les séries sédimentaires malgaches sont particulièrement développées sur la côte ouest, au sud-ouest dans le bassin de Morondava, au nord-ouest dans le bassin de Mahajanga et au nord dans le bassin d’Antsiranana-Ambilobe. Les formations connues vont du Carbonifère supérieur au Plio-Quaternaire. Au cœur de l’île, deux petits bassins quaternaires, le bassin d’Antsirabe et celui du lac Alaotra, sont lacustres. Sur la côte orientale, une mince frange de sédiments crétacés jalonne la côte au nord-est de l’île et entre Tamatave et Mananjary.
À la fin des événements panafricains de la chaîne mozambicaine du Protérozoïque et jusqu’au Paléozoïque supérieur, Madagascar se trouve au cœur du supercontinent Gondwana et reste émergée. Pendant cette période, l’île est fortement érodée puisque le Carbonifère supérieur est directement discordant sur les roches de haut degré métamorphique du Précambrien. Le Carbonifère marque le début de la rupture du supercontinent Gondwana par une extension crustale entre le Gondwana Ouest et le Gondwana Est.
Les bassins sédimentaires de la côte ouest de Madagascar sont contrôlés par une tectonique cassante (failles normales). Les séries monoclinales montrent un faible pendage vers le canal du Mozambique, dans lequel elles plongent. Deux systèmes de failles héritées de zones de faiblesse précambriennes, failles et cisaillements ductiles définissent les contours de l’île. Il s’agit de failles de direction « côte est » orientée nord - nord-est/sud - sud-ouest et de direction nord - nord-ouest/sud - sud-est, parallèle au linéament précambrien de Bongolava-Ranotsara et à la ride de Davie qui jalonne le milieu du canal du Mozambique.
Les différents accidents ont favorisé les coulissements et les mouvements verticaux de blocs qui engendrent ainsi une succession de horsts et de grabens. Les jeux en faille normale de ces accidents contrôlent la subsidence des bassins. Cela est bien visible dans le bassin de Morondava qui montre une série sédimentaire typique de l’ouest malgache.
Les prémices de la dislocation du Gondwana et les séries Karoo
La dislocation du Gondwana correspond à une phase de rifting d’extension est-ouest au cours de laquelle se dépose les séries gondwaniennes, très similaires aux séries Karoo définies en Afrique du Sud. Elles s’en distinguent cependant par l’absence de roches volcaniques à 183 Ma, comme d’ailleurs sur la côte africaine orientale, voisine de Madagascar avant la dislocation du Gondwana : Kenya, Tanzanie et Mozambique.
À Madagascar, il s’agit des séries de la Sakoa (Permo-Carbonifère), de la Sakamena (Permo-Trias) et de l’Isalo (Trias-Jurassique). Ces séries Karoo sont essentiellement continentales. Elles enregistrent la migration du bloc Afrique-Inde-Antarctique (dont Madagascar est solidaire) qui dérive vers le nord, depuis les latitudes australes dont témoignent les formations glaciaires de la Sakoa jusqu’aux latitudes tropicales. Ces formations sont particulièrement bien développées dans le sud du bassin de Morondava, où elles atteignent jusqu’à 7 000 mètres d’épaisseur, mais montrent des variations d’épaisseur importante vers le nord. Le bassin de Morondava montre la juxtaposition de deux bassins : le bassin Karoo, à l’est, adossé au socle précambrien et le bassin post-Karoo, à l’ouest du précédent. Les forages dans ce dernier bassin n’ont pas dépassé le Jurassique moyen à 4 000 mètres de profondeur et ne permettent pas de conclure à une extension possible vers l’ouest du bassin Karoo. La présence des faciès Karoo en Tanzanie et le fait que le canal du Mozambique soit largement constitué d’une croûte continentale suggère que le bassin Karoo pourrait s’étendre de part et d’autre du canal du Mozambique. Quoi qu’il en soit, il y a, à Madagascar, une migration[...]
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Écrit par
- Philippe GONCALVES : docteur, maître de conférences, université de Franche-Comté
- Christian NICOLLET : professeur des Universités à l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie
- Écrit par Anne FAURE-MURET
- 18 789 mots
- 22 médias
Le Karoo malgache n'est connu que sur la bordure ouest de Madagascar. Il commence, comme en Afrique du Sud, par une tillite plus ou moins équivalente de la Dwyka. Cette tillite est suivie de couches de charbon formant le groupe de la Sakoa, qui correspond à l'Ecca. Puis viennent des grès bariolés rouges...