MADAGASCAR
Nom officiel | République de Madagascar (MG) |
Chef de l'État | Andry Rajoelina (depuis le 18 janvier 2019) |
Chef du gouvernement | Christian Ntsay (depuis le 6 juin 2018) |
Capitale | Antananarivo |
Langues officielles | Anglais, français, malgache |
Unité monétaire | Ariary (MGA) |
Population (estim.) |
30 854 000 (2024) |
Superficie |
591 896 km²
|
Littérature
Hors de Madagascar, l'homme averti, mais qui n'est pas versé dans les choses malgaches, citera trois noms : Rabemananjara, Rabearivelo et Jean Paulhan. Si, par penchant ou profession, cet homme est au fait de la petite histoire littéraire, il ajoutera peut-être avec le sourire celui du chevalier de Parny salué par Sainte-Beuve et mis en musique par Ravel. Mais que dira l'étranger que sa curiosité aura conduit auprès de quelque Malgache de bonne compagnie ? Selon ce qu'aura signifié pour son guide le qualificatif ambigu de malgache ( madécasse ? malagasy ? ou les deux ?) appliqué au concept non moins ambigu de littérature, peut-être concédera-t-il – côté fleur-d'herbe – les noms de Robert Edward Hart ou de Robert Mallet, ou avancera-t-il – côté folklore unique au monde – celui de Flavien Ranaivo. Et si sa curiosité a pu se faire insistante, par une pointe d'indiscrétion que la sympathie justifie, l'étranger devenu ami, voire coopérant, reconnaîtra sans trop d'effort, quand on les prononcera, l'étrange pseudonyme de Dox et le long murmure du nom vénéré de Ny-Avana-Ramanantoanina. En revanche, le nom d'Andriamalala sera pour lui un nom bien malgache mais sans rapport avec la littérature, et il se trouvera bien quelqu'un pour l'approuver en arguant du fait qu'Andriamalala, plutôt que d'employer literatiora, « si transparent, fût-il d'emprunt », préféra lancer le néologisme de haisoratra. Quant aux noms de Ramarajaona ou Bilôha Zamanitandra, Iabanimaka ou Ramasy, ce ne sont sans doute que les fruits d'une tendance à mystifier autrui.
« Si l'on parvient à abattre l'arbre, dit un exemple des Anciens malgaches, c'est que le manche de la cognée s'est mis de la partie. » L'arbre de la littérature malgache n'est pas un zahana(Phyllarthronbojerianum) ; les noms inscrits sur ses feuilles sont souvent illisibles ; certains pour l'effeuiller à la cime le voudront couché à leurs pieds. Il est temps de comprendre que l'essentiel est de savoir jeter le manche après la cognée. Noms de ceux qui ont pris place au soleil, noms des obscurs et des vaincus, noms effacés sur les plus belles des feuilles mortes... Admettons même ces noms qui se sont inscrits sur les feuilles les plus vertes des branches entées ! Des noms, l'on peut bien, entrant dans le jeu habituel, en citer tant et plus ; quand on les aura multipliés pour permettre à qui sait de jongler avec eux, serait-ce en un brillant numéro d'illusionniste, le public n'aura rien vu de ce qui fait encore l'arbre après la saison des fruits : racines et branches qui ne meurent que séparées du tronc, à moins que la foudre ne soit passée par là.
Condition de la littérature malgache
Madagascar n'est plus, comme au seuil des années 1970, le pays naturellement paradisiaque que certains, se prévalant à tort du silence, voulaient déjà faire passer pour « l'Île heureuse et délivrée » naguère entrevue par le poète derrière l'Île heureuse de dérision du romancier dont il hérita. Mais qui donc prenait garde à cette île flottante qui, à l'écart des grands courants internationaux, venait à l'appel de son ancre sudiste et mettait le cap sur l'Orient ? Même quand éclata en 1971, dans le Sud de la misère et de l'abandon, la jacquerie des paysans en sagaies de l'« armée de Monja Jaona », dont la levée était périodiquement annoncée depuis une trentaine d'années, bien peu voulurent comprendre le sens évident de l'événement. Alors s'en saisirent au vol, dans une stratégie de rupture qui n'épargna nullement les domaines linguistique et littéraire, quelques minorités marxisantes tournées vers les modèles asiatiques et qui voulurent voir en cette révolte les signes précurseurs d'une révolution populaire enfin proche. Émergeaient au cœur des débats,[...]
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Écrit par
- Marie Pierre BALLARIN : docteure en histoire, chargée de recherche à l'Institut de recherches pour le développement
- Chantal BLANC-PAMARD : géographe, directrice de recherche au C.N.R.S.
- Hubert DESCHAMPS : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Bakoly DOMENICHINI-RAMIARAMANANA : docteur d'État ès lettres et sciences humaines, maître de recherche au C.N.R.S.
- Paul LE BOURDIEC : docteur ès lettres, professeur de géographie tropicale à l'université de Nice
- David RASAMUEL : docteur de troisième cycle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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