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GEOFFRIN MADAME, MARIE-THÉRÈSE RODET (1699-1777)

<it>Une lecture chez Madame Geoffrin</it>, A.C.G. Lemonnier - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Une lecture chez Madame Geoffrin, A.C.G. Lemonnier

Bourgeoise intelligente, Mme Geoffrin sut devenir riche malgré des origines modestes ; son père était valet de chambre de la dauphine, sa mère n'avait pour elle qu'un esprit très distingué. M. Geoffrin, qu'elle épouse à quinze ans, ne lui apporte pas de très grands biens, mais elle sait les faire fructifier par un remarquable esprit d'ordre et d'économie. Elle a surtout à cœur d'aider les gens de lettres, les artistes, et s'y emploie de son mieux. Au cours des deux dîners qu'elle organise par semaine, elle leur fait connaître des ambassadeurs, des étrangers. C'est ainsi qu'elle assure la propagation des Lumières. Son « royaume » de la rue Saint-Honoré est le véritable salon philosophique et encyclopédique. Il est fréquenté par Marivaux, Marmontel, Grimm, d'Holbach et surtout Helvétius et d'Alembert. D'ailleurs, elle subventionne l'Encyclopédie et ne craint pas les idées hardies. En revanche, son solide bon sens renâcle devant les élucubrations trop extravagantes. Elle tient que le savoir-vivre, au sens large, est la suprême science. D'un caractère décidé, elle réduit sa raison en maximes qui font preuve d'un savoir acquis non dans les livres mais par le commerce du monde.

Parmi les illustres étrangers qui fréquentent sa maison, on peut citer l'abbé Galiani, Horace Walpole et surtout le prince Stanislas Auguste Poniatowski, qui la considérait comme sa mère ; à peine parvenu au trône de Pologne, en 1764, il lui écrivait : « Maman, votre fils est roi. »

En 1766, à soixante-huit ans, elle entreprend pour le voir le voyage de Pologne. À son passage à Vienne, elle est comblée d'honneurs par l'impératrice-reine et par Joseph II.

À la fin de sa vie, sous l'effet de la maladie, Mme Geoffrin se livre à la dévotion et renonce au commerce de ses amis philosophes, d'Alembert, Marmontel, l'abbé Morellet. Ils ne lui rendent pas moins hommage après sa mort ; c'est par eux qu'elle est connue, car on n'a d'elle que quelques lettres.

— Denise BRAHIMI

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, professeure agrégée des Universités (littérature comparée), université de Paris-VII-Denis-Diderot

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