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MADRID

Le Madrid contemporain

Fin de la guerre civile espagnole, 1939 - crédits : National Archives

Fin de la guerre civile espagnole, 1939

L'essor considérable de l'agglomération s'est effectué en deux phases, séparées par la guerre civile (1936-1939).

De la fin du xixe siècle à 1936, l'expansion s'est produite dans le cadre d'un projet d'urbanisme qui n'est pas sans évoquer celui de Barcelone par son plan en damier. Les nouveaux quartiers, Chamberí, Salamanca, Retiro, s'étendent au nord et à l'est de la vieille ville et sont limités par des boulevards qui dessinent un arc de cercle à partir du rond-point de Cuatro Caminos. Une large voie méridienne (Paseo de la Castellana, Paseo del Prado) traverse l'ensemble. Elle est recoupée, sur la place de Cybèle (Cibeles), par une voie perpendiculaire qui éventra les quartiers anciens : la Gran Vía. L'expansion a dédaigné la partie méridionale proche du fleuve Manzanares aux terrains accidentés, ainsi que l'ouest où les domaines royaux faisaient obstacle (Campo del Moro, Casa de Campo, Zarzuela) sauvegardant ainsi la perspective que l'on retrouve dans certains tableaux de Diego Velázquez. La seule amorce d'extension vers l'ouest se limita à la Cité universitaire où le front se fixa durant la guerre civile.

Place d'Espagne à Madrid - crédits : Oliver Benn/ The Image Bank/ Getty Images

Place d'Espagne à Madrid

Ensuite, la résistance républicaine conféra une légitimité populaire à Madrid qui n'en bénéficia pas moins des attentions du régime franquiste au nom d'un nationalisme centralisateur. Le projet du grand Madrid fut alors conçu et mené comme une entreprise nationale. L'essor du bâtiment et des travaux publics attira la main-d'œuvre en provenance des campagnes de Castille, d'Estrémadure et de l'Andalousie orientale. De 1950 à 1960, Madrid gagna 600 000 habitants, mais aux édifices prestigieux répondirent d'immenses bidonvilles, notamment au sud et à l'est. Les villages les plus proches, Chamartín de la Rosa au nord, Carabanchel et Vallecas au sud furent annexés. Des industries diverses (constructions automobiles, matériel électrique, industries pharmaceutiques, etc.) furent implantées plus au Sud à Getafe, Alcorcón et le long de la route d'Andalousie. Toutefois, Madrid, dépourvue de proche banlieue maraîchère, surgissait parmi les magnifiques paysages désolés du piémont des sierras centrales tandis que, dans un rayon de dix kilomètres, subsistaient de pittoresques villages de secano (culture sèche) parmi les vignes et les oliviers. Madrid garda, en partie, cet aspect insolite jusqu'au dernier tiers du xxe siècle. Mais la résorption des bidonvilles et l'aménagement de grandes voies de dégagement ont atténué cette impression. À partir des années 1980, la population de Madrid stricto sensu amorce une légère diminution tandis que les banlieues se développent. En 1987, cinq anciens villages, Alcorcón, Fuenlabrada, Getafe, Leganés et Móstoles atteignent, à eux seuls, 739 000 habitants ; et la ville satellite d'Alcalá de Henares plus de 145 000. Si les deux tiers de la population de la région relevaient alors des activités de services, un quart travaillait dans l'industrie et 7 p. 100 dans le B.T.P. La population, en dehors des limites administratives de la ville, représentait 36 p. 100 du total régional mais se rattachait, pour l'essentiel, à l'ensemble de l'agglomération.

Le problème majeur de Madrid fut celui des transports. L'interconnexion des voies ferrées dont la liaison directe et souterraine entre les gares d'Atocha et de Chamartín fut une des premières réalisations. Elle s'accompagna de dégagements autoroutiers et d'une voie rapide méridienne (avenida de la Paz). En revanche, le réseau métropolitain ne comptait encore que 121 kilomètres de lignes en 1997 et sa vétusté était préoccupante. Ce n'est qu'au cours des premières années du xxie siècle que furent réalisées à la fois une liaison directe avec l'aéroport[...]

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, docteur d'État, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
  • : professeur honoraire à l'université de Toulouse

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Espagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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L'Escorial, 1 - crédits : Noradoa/ Shutterstock

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Plaza Mayor, Madrid - crédits : Françoise Weyl

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    ...représenta aux champs et à la ville, sous les formes les plus pures et les plus corrompues, refontes et adaptations, plagiats et mélanges. Mais c'est Madrid qui donna toujours le ton. Sous Philippe III et ses successeurs, la capitale était devenue une « Babylone » monstrueuse par l'afflux d'une jeune...
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