MADRID
La région autonome
Bien que partie intégrante de la région de Castille-La Manche qui s'étend au sud des sierras centrales, Madrid fut soustraite à cette entité historique lors du découpage des communautés autonomes prévues par la Constitution de 1978. Il s'agissait de tenir compte d'une énorme communauté urbaine et des problèmes spécifiques qu'elle posait. Ainsi, ce fut la province de Madrid qui devint la région autonome de la communauté madrilène. Cette dernière, qui a pris pour symbole les sept étoiles de la grande ourse afin d'évoquer l'ours et l'arbousier des armes de Madrid, a le revenu par tête le plus élevé d'Espagne. C'est aussi la région dont la population s'accroît le plus rapidement (près du quart de la croissance de toute la population espagnole).
La région autonome de la communauté madrilène a une superficie équivalente à celle de la Corse et comporte une très grande diversité de paysages. Deux ensembles s'y différencient par l'altitude, le sous-sol, le climat et la végétation.
Un fragment montagneux des sierras centrales s'étend au nord-ouest sur quatre-vingts kilomètres et sépare les deux Castilles tandis qu'au sud-est de ces montagnes, un vaste piémont s'incline en direction du Tage. Les moyennes montagnes du nord, qui culminent à 2 430 mètres (Peñalara), constituent un jeu de blocs de granit et de gneiss dont l'altération donne parfois lieu à des amas de boules granitiques. Les températures, très froides l'hiver et modérées l'été, incitent les Madrilènes à venir fréquemment dans ces montagnes pour y pratiquer les sports d'hiver ou pour profiter de la fraîcheur estivale. Les forêts de chênes tauzins qui dominaient, au Moyen Âge, ont depuis longtemps fait place à de belles plantations de pins sylvestres.
Le piémont était encore, il y a peu, une grande région agricole, avec une agriculture sèche (secano) de céréales, de vignes et d'oliviers ; et, dans la vallée du Tage, à proximité de la résidence royale d'Aranjuez, une agriculture irriguée qui produit légumes et fruits (fraises et asperges notamment) pour le marché madrilène. La présence d'une agglomération telle que Madrid a entraîné une extension des surfaces bâties et donc un certain recul des activités agricoles. Dans la sierra, les résidences principales et secondaires, souvent dotées de jardins et de piscines, se sont multipliées de manière anarchique, provoquant d'importants problèmes environnementaux non seulement pour les ressources et la qualité de l'eau mais aussi pour la préservation de nombreux sites exceptionnels, tant biologiques (hêtraie de Montejo de la Sierra, forêt de bouleaux de Somosierra, houx de La Acebeda, etc.) qu'historiques (palais royal d'Aranjuez, Alcalá de Henares et son université, palais de l'Escurial). On citera, notamment, les 15 000 hectares de chênaie du domaine royal du Pardo, d'une grande richesse faunistique, situés aux portes de l'agglomération. L'existence d'une région autonome madrilène permet, ainsi, la gestion globale à la fois d'une grande agglomération et d'un environnement fragile. Ce mode original et efficace d'action témoigne que la modernité de Madrid ne se limite pas à son remarquable dynamisme économique.
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Écrit par
- Michel DRAIN : agrégé de géographie, docteur d'État, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
- Paul GUINARD : professeur honoraire à l'université de Toulouse
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