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MADRIGAL

Claudio Monteverdi

L'histoire du madrigal italien peut être résumée tout entière dans l'œuvre de Claudio Monteverdi (1567-1643). Entré dès ses débuts de plain-pied et de façon magistrale dans le domaine de la polyphonie traditionnelle, il fut très vite considéré comme le plus grand compositeur « moderne » de son temps. Ses huit livres de madrigaux sont une somme de ce genre et correspondent aux phases essentielles de son évolution.

La prima prattica, comprenant les quatre premiers livres, consiste en une exploitation des ressources du style polyphonique traditionnel, importé par les madrigalistes étrangers qui s'étaient installés au début du siècle en Italie : Costanzo Festa (1480 env.-1545), Philippe Verdelot (1470 env.-av. 1552), Jacques Arcadelt (1505 env.-env. 1568), Adrian Willaert (1490 env.-1562) et Cyprien de Rore (1516 env.-1565) ; créateurs d'un style musical expressif, ils avaient dégagé le caractère proprement italien de ce que l'on avait appelé dès 1530 le « nouveau madrigal ».

La seconda prattica(livres V et VI) marque la rupture avec la tradition et inaugure une position révolutionnaire, conséquence directe de la démarche du compositeur pour parvenir à l'idéal dramatique qu'il s'est fixé. Toutes les hardiesses de langage et d'harmonie, qui semblent aujourd'hui autant de traits de génie, parurent alors discutables, sinon contestables. On n'était pas encore habitué à tant de libertés prises avec les règles de la polyphonie, que Monteverdi transcende, dépasse à seule fin de servir la signification dramatique. À cette période appartiennent de grands madrigalistes italiens tels que Claudio Merulo (1533-1604), Palestrina (1525-1594), Marc'Antonio Ingegneri (1547 env.-1592), Andrea (entre 1510 et 1515-1586) et Giovanni (1557 ?-1612) Gabrieli, Philippe de Monte (1521-1603), Orazio Vecchi (1550 env.-1605, qui, avec l'Amfiparnasso, donna une sorte d'interprétation musicale de la commedia dell'arte) et surtout Luca Marenzio (1553 ou 1554-1599) et Carlo Gesualdo (1560 env.-1613), qui portèrent à leur perfection tous les caractères stylistiques du madrigal jusque-là ébauchés.

Le stile concitato (style animé) des livres VII et VIII consacre enfin le triomphe de la monodie accompagnée, et Monteverdi prit soin de préciser son propos dans la préface du livre VIII où il dit notamment : « Les esprits novateurs pourront chercher des choses nouvelles relatives à l'harmonie et acquérir la certitude que le compositeur moderne construit ses œuvres en se basant sur la vérité. »

Le madrigal polyphonique, délaissé au profit de la polyphonie instrumentale, devient dorénavant une sorte de cantate dramatique, voire de petit opéra. Le prototype le plus accompli en est peut-être Il Combattimento di Tancredi e Clorinda (Le Combat de Tancrède et de Clorinde) ; il marque le point de départ d'un renouvellement dont Monteverdi laissait entrevoir l'ampleur : « Il m'a paru fou de faire savoir que c'est de moi que sont venus les recherches premières et les premiers essais dans ce genre, si nécessaire à l'art musical et faute duquel on peut dire honnêtement que cet art était demeuré imparfait jusqu'à présent puisqu'il n'y avait que les deux genres, à savoir le doux et le modéré. » On était déjà arrivé en 1638, le madrigal allait désormais s'effacer devant le progrès qu'il avait lui-même amené, non sans avoir suscité une floraison de chefs-d'œuvre, notamment en Angleterre où tous les grands compositeurs – W. Byrd (1543 env.-1623), T. Morley (1557 env.-1602 ?), O. Gibbons (1583-1625), T. Weelkes (1576 env.-1623), J. Wilbye (1574-1638) – s'illustrèrent dans ce genre qu'ils adaptèrent à leur propre univers en mêlant un style aristocratique à des accents tout à fait populaires.

S'il se trouve[...]

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