- 1. Indépendances, régimes politiques, modèles économiques et projets de société
- 2. La question des frontières au cœur de la construction du Grand Maghreb
- 3. À la recherche d'une unité maghrébine
- 4. L'islamisme maghrébin : une contestation politique commune
- 5. La berbérité du Maghreb
- 6. 2011 : les « printemps maghrébins »
- 7. Bibliographie
MAGHREB Le Maghreb politique
Le Maghreb, « pays du Soleil couchant » en langue arabe, regroupe historiquement trois pays, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, auxquels viennent s'ajouter la Mauritanie à l'ouest et la Libye à l'est pour former le Grand Maghreb. Par son espace géographique et historique, marqué par une langue et une religion communes ainsi qu'une certaine homogénéité culturelle, sociale et ethnique arabo-berbère, le Maghreb semble offrir une cohérence d'ensemble. Les trajectoires historiques de ces pays, depuis le xixe siècle, sont relativement similaires, puisqu'ils ont connu la conquête coloniale européenne (française et italienne) et ont mené conjointement des luttes indépendantistes intenses qui ont forgé le sentiment d'une destinée commune et la volonté d'une union intermaghrébine politique et économique.
Si le modèle arabo-musulman, conjugué à une marginalisation de la berbérité et marqué par un prisme islamiste dans l'élaboration des identités nationales, est commun aux cinq pays du Grand Maghreb, ceux-ci s'engagent dans des voies politiques et idéologiques très différentes et mettent en place des régimes très divers. Depuis les indépendances, les trajectoires socio-politiques des pays du Maghreb se révèlent très dissemblables, notamment à l'épreuve des tentatives d'union politique et économique qui se sont succédé depuis lors.
Indépendances, régimes politiques, modèles économiques et projets de société
À la fin des années 1950 et au début des années 1960, les nationalismes indépendantistes font accéder les anciennes colonies, majoritairement françaises, de l'Afrique du Nord à l'indépendance et à l'exercice de la souveraineté. Les libertés retrouvées et le nouvel ordre politique qui se met en place ne cachent ni les difficultés à instaurer un régime politique représentatif et démocratique, ni les défis considérables qui attendent les nouveaux dirigeants en matière de développement économique et social.
Des régimes politiques autoritaires
Partout s'installe un régime autoritaire. En Tunisie, le Néo-Destour s'impose en 1957 et consacre Habib Bourguiba père de la nation tunisienne et chef de l'État jusqu'à sa destitution, en 1987, par Zine el-Abidine Ben Ali. En Algérie, le Front de libération nationale (F.L.N.), négociateur de l'indépendance, s'impose comme parti unique en 1962 avec à sa tête Ahmed Ben Bella, qui est destitué en 1965 par son compagnon de lutte indépendantiste, Houari Boumediene, qui sera chef de l'État jusqu'en 1978. Ce n'est qu'en 1988 que le F.L.N. acceptera le multipartisme. Au Maroc, l'arrivée au pouvoir du roi Hassan II, en 1961, succédant à son père Mohammed V, s'accompagne d'un mode de gouvernance despotique fondé sur la légitimité religieuse du souverain à travers son titre de commandeur des croyants (Amir al mu'minin) et sur la concentration des pouvoirs entre ses mains. Il faudra attendre le milieu des années 1990 pour que le régime s'assouplisse et tolère les mouvements d'opposition. Ancien territoire de l'Afrique-Occidentale française, la Mauritanie accède à l'indépendance en 1960, mais cette souveraineté est immédiatement remise en cause par le royaume marocain qui la revendique comme territoire national. En Libye, l'arrivée au pouvoir de Mu'ammar al-Kadhafi, en 1969, renforce cette configuration politique maghrébine marquée par l'autoritarisme. En 1977, il instaure une Jamahiriya (« république ») populaire et socialiste, officiellement dirigée par le peuple et renonce à sa fonction de chef de l'État pour prendre le titre de Guide de la révolution. Mais son pouvoir est sans partage et il réprime férocement opposition politique et contestation sociale.
Le Maghreb indépendant se caractérise par[...]
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Écrit par
- Karima DIRÈCHE : professeure agrégée d'histoire, docteure en histoire contemporaine, chargée de recherche au CNRS
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