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MAGHREB Géologie

L'accident nord-saharien

La limite entre le craton saharien et les zones mobiles d'Afrique du Nord (stricto sensu) est remarquablement nette sur les cartes géologiques. S'étendant sur 2 000 kilomètres de longueur, on la considère souvent comme un accident fondamental de la croûte terrestre. Divers noms (accident sud-atlasique, flexure saharienne) lui ont été également appliqués.

Tremblement de terre à Agadir - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Tremblement de terre à Agadir

D'Agadir à Figuig, cet accident est extrêmement net (le séisme d'Agadir de 1960 était localisé sur son tracé). Au moins sur certains tronçons, son emplacement semble avoir marqué la limite de provinces paléogéographiques différentes, à maints moments du Paléozoïque. Ainsi, au Cambrien et à l'Ordovicien, une marge continentale active se situait au nord de l'accident ; en revanche, à partir du Dévonien, c'est de ce même côté que se place une zone émergée ou de mer peu profonde. Il s'est donc produit, au Paléozoïque, des jeux en sens contraire. Au début du Mésozoïque, la mer se localise au nord de l'accident, dans l'actuel Haut Atlas. On remarquera toutefois qu'à l'ouest le bassin marin des Haha s'allonge obliquement par rapport à la direction de l'accident atlasique, et parallèlement au rivage atlantique. Le Haut Atlas et l'Anti-Atlas émergent ensuite : un sillon marin ou lagunaire, dit « préafricain », s'établit du Crétacé moyen à l'Éocène le long de l'accident. Celui-ci joue surtout à partir du Lutétien : les jeux principaux, postoligocènes et antévillafranchiens, s'accompagnent de chevauchements vers le sud. La surélévation finale du Haut Atlas, de 2 à 4 kilomètres, est liée à cette phase tertiaire. Toutefois, à petite échelle, tout se passe comme si le matériel ancien de l'Anti-Atlas était remonté par rapport au Secondaire du Haut Atlas.

Au nord-ouest de Béchar, l'accident nord-saharien perd de sa netteté. Ainsi, au Carbonifère supérieur, la sédimentation le prend complètement en écharpe. Cependant, diverses fractures d'âge cénozoïque semblent traduire encore son fonctionnement.

À l'est de Figuig, l'accident redevient facile à suivre, mais son orientation est alors sud-ouest - nord-est. La région affaissée est dorénavant sur son bord sud. Certaines données montrent que l'épaisseur du Jurassique change brutalement de part et d'autre de cette limite. En revanche, au Crétacé et à l'Éocène, les faciès et les épaisseurs des sédiments paraissent analogues des deux côtés de la « flexure saharienne ». Enfin, une ou plusieurs fractures, aux jeux multiples, parfois chevauchants vers le sud, jalonnent (est de Figuig, sud du Djebel ez-Zerga) cette dernière. Ailleurs, on observe seulement que les plis de l'Atlas saharien s'atténuent progressivement et ne dépassent pas vers le sud une certaine latitude. Les cartes géophysiques montrent en tout cas que l'accident n'apparaît guère en Algérie orientale.

De Biskra au golfe de Gabès, la « flexure saharienne » est cependant évidente, marquée en particulier par des jeux décrochants plio-quaternaires. Mais sa direction est alors ouest-nord-ouest - est-sud-est (comme la célèbre faille de Gafsa, un peu plus au nord), nettement oblique sur les plis plus anciens du système de l' Aurès. Ici, cette « flexure » peut constituer non pas le prolongement de l'« accident nord-saharien » du Maroc, mais bien celui d'un fossé d'effondrement récent, jalonné par le « bassin du Hodna » et courant vers Boghari.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paul-Sabatier, Toulouse, correspondant de l'Académie des sciences

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Médias

Tremblement de terre à Agadir - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Tremblement de terre à Agadir

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Édifice d'Afrique du Nord dans le cadre méditerranéen

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