MAGHREB Géologie
La chaîne intracontinentale des Atlas
La chaîne des Atlas, d'âge cénozoïque, aux plissements relativement modérés, affecte une puissante série sédimentaire mésozoïque subsidente, souvent continentale, ou en tout cas n'ayant jamais les caractères de dépôts de mer profonde. On peut distinguer dans cette série plusieurs ombilics indépendants, variables suivant les périodes, qui traduisent l'affaissement de panneaux le long de grandes failles synsédimentaires, en liaison avec l'étirement de la croûte continentale.
À l'ouest, dans le Haut Atlas, le substratum paléozoïque apparaît : il est modérément plissé et localement métamorphisé. Au Tichka, un granite syntectonique se met en place dans ce Paléozoïque, qu'il « digère ». Il n'existe pas de coupure majeure entre le Haut Atlas, l'Atlas saharien d'Algérie et l'Atlas tunisien. Ces subdivisions sont essentiellement politiques : l'Aurès, en particulier, s'unit étroitement à l'Atlas tunisien méridional.
Le Haut Atlas s'abaisse vers l'ouest en direction de l'Atlantique. Son caractère essentiel est celui d'un large anticlinal, bordé au nord et au sud de « zones subatlasiques » : celles-ci comportent du Crétacé et de l'Éocène, vivement plissés et chevauchés dans deux directions opposées par le Haut Atlas proprement dit. La couverture mésozoïque, plus ou moins décollée au niveau du Trias, est à l'ouest mollement plissée au-dessus du bâti primaire, puis affectée d'anticlinaux aigus en relais et de synclinaux en auge dans le Haut Atlas central, et enfin, à l'est, divisée par le massif ancien du Tamlelt en deux rameaux bordiers, nord et sud. Un « accident nord-atlasique », plus ou moins chevauchant vers le nord, peut se suivre presque tout le long de la chaîne : il affecte le Néogène, et montre des rejeux d'âge quaternaire.
L 'Atlas saharien d'Algérie prolonge le Haut Atlas oriental. Dans sa partie oranaise, il est limité au nord par une ligne de fractures d'où se dégagent vers le nord-est plusieurs groupes de plis en coulisse, le principal étant le chaînon Guettar-Antar : il est constitué de longs anticlinaux déversés vers le nord-ouest et souvent faillés. Quant à la masse de l'Atlas saharien, elle a été plissée au Cénozoïque, entre l'Éocène moyen et le Miocène inférieur, et montre également des rejeux ultérieurs. Son style est classique : anticlinaux coffrés à flancs redressés et sommet plat, étroits et allongés, qui présentent de rapides inflexions axiales et de belles terminaisons périclinales, reflets des accidents du socle sous-jacent. Ces derniers découpent des blocs dont le déplacement relatif a induit des décrochements dans la couverture sédimentaire. L'énergie du plissement est parfois considérable : il n'est pas rare de trouver des anticlinaux où le sommet des formations les plus jeunes se trouve de 2 à 3 kilomètres plus élevé que les mêmes assises situées dans les synclinaux voisins. L'épaisseur de la couverture sédimentaire (en général de 3 à 4 km, et plus de 6 km dans l'Aurès) l'explique aisément. Dans l'Aurès et au nord de celui-ci, le tréfonds atlasique serait, selon Dominique Bureau, découpé par des fractures listriques extensives ; celles-ci limiteraient des panneaux longitudinaux qui, basculant progressivement au Jurassique ou au Crétacé, détermineraient la constitution de « coins sédimentaires prismatiques » ; ces accidents seraient réutilisés en compression lors des serrages cénozoïques.
On peut supposer que les plis atlasiques aient été facilités par un décollement généralisé au-dessus du Trias marno-gypsifère. Celui-ci perce en de nombreux secteurs, rarement au cœur des anticlinaux, quelquefois sur le trajet de failles, en prenant parfois l'allure de colonnes cylindriques[...]
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Écrit par
- Michel DURAND-DELGA : professeur émérite à l'université Paul-Sabatier, Toulouse, correspondant de l'Académie des sciences
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