LINDBERG MAGNUS (1958- )
La Finlande occupe aujourd'hui une place privilégiée dans le monde en matière de création musicale. Elle le doit à une pléiade de solistes, chefs d'orchestre et compositeurs de renom, parmi lesquels Magnus Lindberg s'affirme comme le plus puissamment novateur de sa génération.
Un refus des entraves esthétiques
Né à Helsinki le 27 juin 1958, Lindberg est diplômé de l'Académie Sibelius de la capitale finlandaise, où il étudie la composition avec Paavo Heininen et Einojuhani Rautavaara (1977-1981). Heininen stimule sa curiosité pour tous les courants de la musique occidentale. En 1977, Lindberg est – aux côtés de Kaija Saariaho et d'Esa-Pekka Salonen, notamment – l'un des membres fondateurs de l'association Korvat auki ! (« Ouvrez vos oreilles ! »), qui se donne pour mission de promouvoir la musique contemporaine en organisant des concerts et en offrant un lieu de rencontres entre compositeurs, instrumentistes, critiques et musicologues. Parallèlement à ses activités de compositeur, Lindberg est pianiste, et sa carrière de concertiste l'amènera à créer de nombreuses pièces. En 1980, il fonde avec Esa-Pekka Salonen l'ensemble expérimental Toimii ! (« Ça marche ! »), qui doit devenir, selon ses propres paroles, « un laboratoire où compositeurs et instrumentistes pourraient travailler ensemble à de nouveaux moyens d'expression musicale », notamment grâce à un travail sur l'improvisation en concert.
Lindberg est le premier compositeur finlandais à prendre le sérialisme comme point de départ. L'adoption de cette technique est pour lui beaucoup plus que le « jeu intéressant » que celle-ci avait représenté pour les compositeurs des années 1960, qui l'avaient souvent utilisée comme succédané aux problèmes compositionnels. Dans le lied Jagvillbredavingar ut (1978), il s'évertue ainsi à soumettre le sens dramatique du texte et sa charge émotionnelle aux rigueurs de cette technique. Mais le catalogue de Lindberg manifeste une grande diversité, puisque la plupart de ses œuvres sont régies par des règles différentes.
Après une série de pièces recourant au sérialisme intégral, ses intérêts compositionnels changent : Lindberg prend conscience que la forme générale, le rythme et les hauteurs ne sont pas les seuls paramètres déterminant l'information musicale. S'intéressant de plus près à la transmission du signal sonore, il cherche alors à composer une musique qui entretienne une relation plus étroite avec la perception directe. Dans Arabesques, pour quintette à vent (1978), il invente des structures reconnaissables par la seule variabilité de leur densité. Dans Play I, pour deux pianos (1979), il explore les limites de la cohérence musicale : il s'agit d'une œuvre ouverte, où les interprètes disposent de quelques pages seulement de notation proprement dite mais de plus de vingt pages d'instructions sur les modes de jeu.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
Classification
Autres références
-
SALONEN ESA-PEKKA (1958- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Charles TRUMBULL
- 982 mots
Le chef d’orchestre finlandais Esa-Pekka Salonen est aussi un compositeur reconnu, dont les œuvres témoignent d’une grande originalité.
Esa-Pekka Salonen naît le 30 juin 1958 à Helsinki. Il étudie à l’académie Sibelius de la capitale finlandaise : le cor d’harmonie de 1973 à 1977, puis la ...