MARIN MAGUY (1951- )

Une chorégraphe engagée

En 1991, Maguy Marin trouve avec Cortex une autre voie tout en restant fidèle aux questionnements qui la taraudent depuis toujours. Dans cette pièce qui explore le hiatus entre sens et langage, entre les sensations et leur traduction, elle opère un retour aux sources. Avec huit danseurs, sans décor ni costume particulier, Cortex alterne les séquences dansées et théâtrales dont le corps humain est le personnage central. Les œuvres qui vont suivre vont toutes s'attacher à réfléchir (au double sens du terme) à la condition humaine moderne et aux phénomènes de consommation. Waterzooï (1993) et Ram Dam (1995) ouvrent une nouvelle manière de concevoir ses créations, qui va s'affirmer ensuite dans Umwelt (2004), Turba (2007) ou Description d'un combat (2009). Toutes ces chorégraphies sont composées de séquences qui s'enchaînent en mêlant textes, objets disparates et éléments de décors mus par les danseurs. Mis à part Coppélia(1993), nouvelle relecture pour l'Opéra de Lyon qui déplace le ballet d'un village d'Europe centrale aux quartier des Minguettes (banlieue sud de Lyon). C'est une sorte de vision prémonitoire de sa future carrière. En effet, son implantation à Rillieux-la-Pape en 1998 sera déterminante. En créant, dans une banlieue lyonnaise réputée difficile, un nouveau centre chorégraphique national (dont le bâtiment définitif ne sera inauguré qu'en 2005), elle quitte le confort de la région parisienne pour aller à la rencontre d'une population qui n'a pas accès à la culture. Auparavant, elle s'était engagée en 1995 dans un projet personnel destiné à aider de jeunes créateurs en achetant à Sainte-Foy-lès-Lyon un lieu baptisé Ramdam, ouvert à un collectif d'artistes en mal d'outils de travail.