MAHĀSĀṆGHIKA
Membres d'une secte bouddhique du Petit Véhicule, les Mahāsāṇghika sont apparus en ~ 340 env., se faisant les adeptes des thèses soutenues par Mahādeva. Ce moine, regardé comme l'auteur de sūtra apocryphes, soutenait que l'arhat peut avoir des rêves érotiques, être en proie au doute et à l'ignorance touchant sa qualité d'arhat, être dirigé sur le chemin du salut par autrui et enfin s'écrier duḥkha (douleur) lorsqu'il est en méditation. Ces cinq propositions, appuyées par d'autres moines, auraient été à l'origine d'un concile tenu à Pātaliputra et marqué par la victoire finale des novateurs, qui auraient pris là le nom de Mahāsāṇghika (ceux de la Grande Assemblée). Ils se sont établis dans l'Inde septentrionale et, en petit nombre, au sud, dans les îles de la Sonde et en Chine, au Shǎnxi (selon le témoignage de Yijing au viie s.). Leur canon comportait cinq pitaka (corbeilles) : Vinayapitaka, Sûtrapitaka, Abhidharmapitaka, Kśūdrakapitaka et Dhāranīpitaka. On possède une version chinoise de leur Vinaya et une autre qui est sans doute une traduction de leur Ekottarāgama. Le Śāriputrābhidharmaśāstra, quoique d'obédience dharmaguptaka, contient beaucoup d'éléments à rapprocher des opinions mahāsāṇghika primitives.
Les Mahāsāṇghika se sont divisés très tôt en plusieurs sous-écoles, la plus importante étant celle des Lokottaravādin. Ces derniers, sur lesquels on possède notamment le témoignage de Xuanzang, distinguaient les dharma mondains (laukika) des dharma supramondains (lokottara), qui étaient les seuls à avoir une existence réelle. Les buddha appartiennent à cette catégorie. En réalité, ils n'ouvrent jamais la bouche, mais les êtres croient les entendre prêcher. Les bodhisattva peuvent avoir des naissances heureuses, mais aussi se projeter volontairement dans de mauvaises destinées pour y édifier les êtres. Parmi les autres sectes issues des Mahāsāṇghika figuraient les Ekavyavahārika, adeptes d'une sorte de subitisme et absorbés par les Lokottaravādin entre le ive et le ixe siècle, et les Gokulika, qui ont disparu à la même époque.
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Écrit par
- Jean-Christian COPPIETERS : remisier près la Bourse de commerce de Paris
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