MAILLOTINS
Nom donné à des révoltés parisiens, en 1382, en raison des maillets de plomb pris comme armes par les émeutiers. Le mouvement est, à long terme, le résultat d'un quart de siècle de stabilité monétaire défavorable aux débiteurs et aux locataires, les éléments les plus modestes de la population, cependant que la reprise démographique laissait stagner les salaires après la saignée de la peste noire et la flambée des salaires qui résultait de cette épidémie.
À court terme, la révolte naquit du rétablissement des impôts sur les denrées alimentaires, inévitable mais maladroitement décidé par le gouvernement des oncles de Charles VI, particulièrement le duc d'Anjou, après la suppression déclenchée par une décision, populaire mais peu réaliste, de Charles V à son lit de mort (1380).
Le 1er mars 1382, les émeutiers venus des quartiers les plus modestes de la ville tinrent les notables sous la terreur, massacrèrent quelques usuriers et spéculateurs, et ne surent que faire de leur victoire. Le mouvement fut rapidement exploité et amplifié par les éléments marginaux de la population parisienne, ainsi que par quelques pêcheurs en eau trouble appartenant à la haute bourgeoisie. Sans relations efficaces avec les autres révoltes urbaines, cependant contemporaines (Rouen, Orléans, Reims, Gand, etc.), le mouvement parisien ne put obtenir aucun avantage durable et sombra très rapidement ; par l'intermédiaire de ses éléments les plus modérés, la bourgeoisie parisienne traita avec le gouvernement des princes, qui s'était établi à Vincennes. En fait, à peine l'ordre était-il rétabli que la répression s'abattait sur la capitale : l'exécution des principaux agitateurs commença dès le 11 mars.
Après avoir réprimé la révolte des autres villes, en particulier celle des Gantois (Roosebecke, 27 nov. 1382), le roi vint châtier les Parisiens (janv. 1383). La capitale perdit, pour plusieurs années, ses principaux privilèges et même sa municipalité.
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Écrit par
- Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
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