MAÏS
Classé dans la catégorie des « céréales secondaires » par la F.A.O. (Food and Agriculture Organization), le maïs n’en est pas moins devenu depuis le début du xxie siècle, la céréale la plus produite au monde. Plante vivrière traditionnelle des civilisations précolombiennes des deux Amériques, le maïs demeure encore principalement cultivé dans le Nouveau Monde qui fournit plus de 50 p 100 de la production et 75 p. 100 des exportations mondiales.
Grâce à la mise au point, dans les années 1930, de variétés hybrides, cette plante, d'origine tropicale, est aujourd’hui largement présente sous les latitudes tempérées. La culture de maïs génétiquement modifiés – qui s’est développée à partir du milieu des années 1990 sur le continent américain et qui demeure très controversée en Europe – pourrait élargir davantage l'aire de diffusion de cette poacée (graminée), notamment vers des régions moins humides. Depuis le début des années 2010, plus des quatre cinquièmes des superficies ensemencées en maïs aux États-Unis l'ont été en maïs génétiquement modifiés.
Parallèlement à ses utilisations en alimentation humaine et animale, le maïs constitue une matière première industrielle de plus en plus recherchée en raison de sa richesse en amidon et de son prix : il est la céréale la moins chère sur le marché mondial. Devenu depuis le début des années 2000 la première céréale mondiale, sa production (840 millions de tonnes en moyenne depuis le début des années 2010), dépasse désormais nettement celles du blé (675 millions de tonnes) et du riz (450 millions de tonnes).
Le fait que le maïs soit souvent une culture irriguée, consommatrice en Europe de quantités importantes d’eau en été, et que le recours à des organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) y soit l’objet de fortes réticences (voire d’oppositions violentes), n’a pas manqué de conférer au maïs une image négative et d’en faire un des symboles de l’agriculture productiviste. Toutefois, cette céréale fixe plus de dioxyde de carbone que le blé ou l’orge, en raison de ses capacités de photosynthèse, et produit, pour une consommation d’eau donnée, davantage de matière sèche (grains et paille).
Les conditions de culture d’une plante d’origine tropicale
Le maïs (Zeamays L.), plante annuelle de grande taille (de 2 à 4 m de hauteur), a été domestiqué en Amérique centrale autour de 7000 à 6000 avant J.-C. dans les régions du sud du Mexique et du nord du Guatemala. Le téosinte (Euchlaenamexicana), plante adventice très proche de cette céréale, fréquente dans les champs de maïs de ces régions, pourrait être un ancêtre du maïs. Les épis des maïs actuels (épis femelles, comportant de nombreux grains en rangs très serrés, totalement enveloppés dans les bractées) sont tellement éloignés des inflorescences des espèces spontanées que la dissémination naturelle des grains n'est plus possible. De toutes les céréales, le maïs est celle qui dépend le plus de l'être humain: sans lui, il lui est presque impossible de se reproduire, un épi tombé au sol pouvant très difficilement, contrairement à une graine, être à l’origine d’une plante nouvelle. Mais c’est aussi la céréale qui présente aujourd’hui les rendements les plus élevés : en plantant un grain de maïs, on peut obtenir entre 500 et 1 000 grains et des grains bien plus gros que ceux des autres céréales. Dès que cela leur devient possible, bien des paysans africains abandonnent la culture du sorgho – céréale à petits grains – pour celle du maïs.
Du fait de ses origines tropicales, le maïs est une plante exigeante à la fois en chaleur et en eau. Il est très sensible au gel et son zéro de germination se place vers 6 0C, soit à un niveau nettement plus élevé que celui du blé. En fait, une température de 10 0C est indispensable pour[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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