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SAVOIE MAISON DE

Quelques données de l'histoire de la province de Savoie se rattachent à celle de l'Europe. Ce n'est point un hasard si l'activité des princes s'est manifestée dans la partie médiane de l'ancienne Lotharingie, à la naissance du fugitif royaume de Bourgogne. À l'échec des Rodolphiens succéda la tentative poursuivie pendant plusieurs siècles par les Blanches-Mains, ces princes des Alpes dont l'influence qui s'exerçait sur les deux versants dès la fin du xie siècle s'étendit rapidement aux plaines du Rhône et du Pô. Au xiie et au xiiie siècle, la Bresse et le Bugey amènent les comtes de Savoie à la Saône ; ils passent des bords du lac Léman au pays vaudois jusqu'en vue de Berne. En même temps s'affermit un contrôle sur les cols du Grand-Saint-Bernard et du Simplon par le Valais et la région valdotaine. Une ouverture sur la mer se fait à Nice par le col de Tende, entre la république de Gênes et le royaume de France.

Cette expansion, commandée depuis la Savoie, se heurte bientôt à plusieurs obstacles tenant aux Capétiens, aux Bernois, aux Habsbourg d'Autriche et d'Espagne. Les Français s'installent en Provence, à Lyon, puis en Dauphiné, les Bernois contrôlent jusqu'au Chablais, et l'Italie du Nord devient le terrain de rencontre des influences autrichienne et espagnole. Que la France s'intéresse à l'Italie, et la Savoie est submergée. Cela est le cas au temps de François Ier, de Henri II, de Louis XIV, de la Révolution et de Napoléon. Ayant perdu la Bresse, le Bugey et leurs positions helvétiques, n'ayant d'espoir ni à l'ouest ni au nord, les princes louvoient et se déplacent vers Turin d'où ils reprennent les chemins de l'aventure. Et cette fois ils réussissent. Il faut dire que, tout au long, ils ont été autant soutenus que contrariés par les dynastes voisins : dix-sept mariages avec les Capétiens en témoignent comme les titres de duc et de roi dus à l'influence impériale. À la fois craints, recherchés, surveillés, ils ont eu un destin remarquable. Ces obstinés, échouant en Lotharingie centrale comme Charles le Téméraire dans celle du Nord, ont été les hommes de la lumineuse péninsule qui en est le Sud.

Une terre romaine

La préhistoire n'est certes pas absente des Alpes du Nord. Les pierres à cupules de Maurienne, de Tarentaise ou de l'avant-pays, les vestiges funéraires, les témoins fournis par des cités lacustres, le type humain même donnent à entendre que l'occupation du sol y a été fort ancienne, la présence allobroge (gauloise) respectant largement les communautés de montagne. L'influence romaine (ier s. av. J.-C.) s'est manifestée de quatre manières : mise en valeur agricole des parties basses ; établissement de routes véritables avec deux grands axes : Cularo (Grenoble) à Genabum (Genève) et Vienna (Vienne) à Mediolanum (Milan) ; naissance de villes, modestes mais bien agencées, centres administratifs comme Axima (Aime), de plaisance comme Aquae (Aix), ou de commerce comme Boutae (Annecy) ; enfin introduction de la civilisation et de la langue latines et du christianisme.

La partie la plus active est alors le long de la route de Romanieu sur le Guiers au Petit-Saint-Bernard, avec les relais de Lemencum (Lémenc à Chambéry) et du poste de douane dénommé à tort Ad Publicanos, peut-être situé à Conflans. D'Axima, le procurateur administre le pays des Ceutrons (Tarentaise) et le Valais. La Maurienne reste relativement à l'écart et le Mont-Cenis (le petit, et non l'actuel) est encore peu fréquenté.

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