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MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, Paris

Un foyer artistique

Présenté par Jean-Luc Monterosso au maire de Paris Jacques Chirac, le projet de dédier un lieu à la photographie contemporaine prend corps en 1988, avec l'attribution d'un bâtiment du xviie siècle, l'hôtel Hénault de Cantorbe, situé rue de Fourcy, alors agrandi et aménagé par l'architecte Yves Lion. La Maison européenne de la photographie est inaugurée le 20 février 1996 par Jean Tiberi, successeur de Jacques Chirac à la mairie de Paris, avec la présentation des Grands Prix de la Ville de Paris, suivie d'une grande exposition intitulée Une aventure contemporaine, la photographie – 1955-1995.

L'édifice abrite deux niveaux d'expositions déployés sur les ailes nord et sud, augmentés d'une mezzanine et d'une « vitrine » donnant sur la rue François-Miron. Le public a également accès à une librairie et à une cafétéria aménagée par Nestor Perkal avec des « tables photographiques » créées par la photographe américaine Ernestine Ruben. L’auditorium Bernard-Pierre-Wolff d’une centaine de places accueille des projections, des conférences et des débats. Destinée à la recherche, la bibliothèque Roméo-Martinez, confiée dès l'ouverture à Irène Attinger, s'augmentera de quelque trente mille ouvrages et de quatre cents périodiques désormais répertoriés dans un catalogue en ligne, avec les huit cents titres d'une vidéothèque enrichie par Bertrand Priour et Emmanuel Bacquet.

Présidée par Henry Chapier, la « MEP », comme on la désigne bientôt, est dirigée par Jean-Luc Monterosso, avec une programmation trimestrielle d'expositions assurant une large diffusion de la photographie d'auteur du monde entier, alternant les œuvres magistrales et les productions contemporaines de jeunes photographes qui trouvent là une première visibilité muséale. Outre sa vocation d'exposer la photographie, la Maison européenne mène une politique d'acquisition qui compte environ vingt-cinq mille œuvres sur un large spectre de genres, du reportage à la fiction, de l'introspection à la représentation de la mode.

La photographie française existe, je l'ai rencontrée, la dernière exposition conçue par Jean-Luc Monterosso, avant son départ au mois de mars 2018, répond à la réflexion que John Szarkowski, conservateur au département de photographie du Museum of Modern Art (MoMA) de New York, lui avait faite en 1981, mettant en doute l’existence d'une photographie spécifiquement française. Présentées sur la totalité des espaces d'exposition de la MEP, les œuvres de près de cinquante photographes exposés pendant ses deux premières décennies donnaient, en même temps qu'un démenti, la mesure d'une production hexagonale répartie sur les périodes moderne et contemporaine.

En mai 2018, deux mois après la transmission de la présidence de la MEP d'Henry Chapier à Jean-François Dubos, Simon Baker a quitté son poste de conservateur au département Photographie et Art international de la Tate Gallery de Londres pour succéder à Jean-Luc Monterosso et diriger une institution devenue populaire, accueillant deux cent mille visiteurs par an. Tout en conservant la vocation d'exposer la photographie des xxe et xxie siècles, la nouvelle direction élargit son audience grâce aux réseaux sociaux et adapte sa programmation à des fondations et à des partenariats privés. À partir de 2019, et après l'installation du plasticien JR sur l'ensemble de l'édifice, la programmation annuelle, désormais rythmée en trois saisons d’expositions diverses ou monographiques comme celle du Chinois Ren Hang, jette des passerelles vers les divers domaines liés à la photographie incluant les arts plastiques, la mode, l’architecture ou le design.

— Hervé LE GOFF

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Média

La Maison européenne de la photographie - crédits : Vincent Leroux/ MEP

La Maison européenne de la photographie