CHARBON MALADIE DU
Le charbon, dénommé anthrax en anglais, est une maladie essentiellement vétérinaire. Elle touche tous les mammifères, y compris l'homme, à qui elle est transmise par les animaux ou des produits dérivés contaminés. Elle est non contagieuse d'homme à homme. On distingue trois formes humaines de la maladie : la forme cutanée, caractérisée par la formation d'une escarre noire (d'où le nom de charbon), souvent associée à un œdème local, peut guérir spontanément et en tout cas après traitement ; la forme digestive, avec quelques signes gastro-entériques peu significatifs, est d'un pronostic sévère ; enfin, la forme dite pulmonaire, gravissime, due à l'inhalation de spores, présente des symptômes pseudo-grippaux atypiques et devient rapidement fatale en absence de traitement.
Historiquement, le bacille du charbon est à la base de la bactériologie médicale, car il a permis à Louis Pasteur de démontrer le lien entre un agent infectieux et une maladie. Ce fut aussi le premier vaccin mis au point et testé avec succès, lors de la célèbre expérience de vaccination des moutons à Pouilly-le-Fort, en 1881.
La bactérie et son cycle
Bacillus anthracis est l'agent responsable du charbon. Il s'agit d'une bactérie Gram positif, sporulante. Les spores, qui sont la forme infectante, sont retrouvées dans le sol où elles peuvent persister pendant des dizaines d'années. La persistance est d'ailleurs une caractéristique de cet agent infectieux et elle est la cause de ce qu'on appelle communément les champs maudits. Ceux-ci correspondent à des lieux où, de façon récurrente, apparaissent des foyers de charbon. Cette maladie animale existe encore en France, où des cas isolés sont régulièrement détectés. La persistance des spores provient de propriétés communes à toutes les spores bactériennes, qui sont résistantes à de nombreux agents physiques (ultraviolets, température élevée...) et chimiques (alcools, solvants, désinfectants...). Ces différentes propriétés font que la décontamination est plus difficile à réaliser que pour d'autres agents biologiques ; elles facilitent également le stockage et le transport, d'où l'utilisation potentielle de B. anthracis comme arme biologique. La structure même de la spore est responsable de ces propriétés. Il s'agit d'une forme de survie de la bactérie ayant, lors de sa maturation, subi une dessiccation interne et dans laquelle le matériel génétique est extrêmement condensé. De plus, la spore possède à sa surface de nombreuses enveloppes (cortex et tunique), constituées de lipides, protéines et polysaccharides. Dans le groupe Bacillus cereus, dont B. anthracis fait partie, il existe une couche externe protéique structurée supplémentaire, l'exosporium. Les spores sont produites lorsque les conditions de croissance du bacille deviennent défavorables, par exemple lors de carence nutritionnelle ; elles sont métaboliquement inertes. Elles permettent à la bactérie d'attendre que les conditions environnementales redeviennent favorables. En réponse à des signaux extérieurs, les spores sont alors activées et sortent de l'état de dormance ; elles germent. Cela se caractérise par un afflux aqueux, les spores gonflent, la tunique se rompt, donnant naissance à la forme végétative, ou bacille. Toutes ces étapes peuvent être induites et étudiées au laboratoire.
Le cycle naturel de B. anthracis est le suivant. Les animaux, principalement les herbivores, inhalent ou ingèrent les spores. Peu après la contamination, les spores germent et les bacilles, bâtonnets à bouts carrés, apparaissent. Ceux-ci synthétisent les différents facteurs de virulence. La protection exercée par la capsule qui les revêt favorise une multiplication massive des bacilles. Ceux-ci sont producteurs de toxines, d'où la toxi-infection qui conduit à la[...]
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Écrit par
- Agnès FOUET : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Michèle MOCK : directeur de recherche au C.N.R.S.
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