GOUTTE MALADIE
Symptomatologie et évolution
La goutte se traduit, d'une part, par des arthrites aiguës fluxionnaires, appelées crises de goutte ou accès goutteux, qui se reproduisent à intervalles plus ou moins longs ; d'autre part, par des dépôts d'acide urique (plus exactement d'urate de sodium) dans les articulations, mais aussi sous la peau et dans les reins.
Le premier accès survient généralement entre trente et cinquante ans ; plus tôt, les gouttes sont souvent sévères, plus tard elles sont, au contraire, la plupart du temps bénignes.
L'accès goutteux commence brusquement, et généralement la nuit : en quelques heures, l'articulation atteinte devient extrêmement douloureuse, très gonflée, chaude, rouge ; cet état dure le plus souvent de trois à sept jours, puis s'apaise et l'articulation redevient normale.
Mais d'autres accès vont survenir, avec une fréquence croissante : espacés au début (par exemple, un ou deux chaque année) puis de plus en plus rapprochés. Leur intensité et leur durée sont variables. Il y a de petites crises qui n'obligent pas le malade à interrompre son activité, des crises violentes qui le contraignent à garder la chambre et même le lit, et peuvent se prolonger durant des semaines en l'absence de traitement.
Les crises de goutte se produisent souvent sans cause apparente ; parfois elles sont déclenchées par un excès alimentaire ou alcoolique, l'absorption de certains aliments ou de certaines boissons (même en quantité modérée, et qui diffèrent selon les malades), une marche prolongée, un traumatisme, une émotion, une infection, une intervention chirurgicale.
En règle générale, la goutte ne frappe qu'une seule jointure à la fois. Cependant, surtout dans les gouttes anciennes, plusieurs articulations peuvent s'enflammer en même temps ou à peu près en même temps.
L'articulation de la racine du gros orteil (la métatarso-phalangienne du gros orteil) est le siège d'élection de l'accès goutteux. Fréquemment aussi, l'inflammation atteint les autres articulations du pied, la cheville, le tendon d'Achille ; le genou, qui s'enflamme souvent en cours d'évolution, est quelquefois la première articulation atteinte.
À une phase avancée, la maladie peut gagner les articulations des doigts, le poignet, le coude où elle intéresse la bourse séreuse rétro-olécranienne, à la face postérieure de l'articulation. Les autres jointures restent presque toujours épargnées.
Le mécanisme de l'accès goutteux est resté longtemps mystérieux. On sait aujourd'hui qu'il provient d'une réaction inflammatoire de l'articulation à la présence de cristaux d'urate de sodium dans la cavité articulaire. Ces cristaux sont constamment présents dans le liquide articulaire prélevé au cours de l'accès goutteux et leur injection intra-articulaire reproduit la crise de goutte chez l'animal et chez l'homme. Il est possible que ces cristaux se constituent à la faveur d'une augmentation momentanée de l'uricémie ; il est presque certain qu'ils proviennent souvent de la désagrégation des dépôts uratiques articulaires que l'hyperuricémie finit par entraîner.
Du fait de l'hyperuricémie, l'urate de sodium se dépose en effet en divers points de l'organisme. Pendant des années, ces dépôts ne sont pas cliniquement décelables. Mais au bout de cinq ans, dix ans ou davantage après la première crise, ils deviennent souvent assez volumineux pour qu'on puisse les voir sous la peau, ou pour que les dégâts articulaires qu'ils créent soient radiologiquement démontrables.
Aux dépôts localisés sous la peau, on donne le nom de tophus. Ils forment aux oreilles de petits nodules dont la teinte blanchâtre transparaît à travers l'épiderme aminci ; d'autres siègent à la face postérieure des coudes,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Antoine RYCKEWAERT : professeur à la faculté de médecine de Paris, C.H.U. Lariboisière.
Classification
Autres références
-
RÉACTION INFLAMMATOIRE
- Écrit par Jean-Marc CAVAILLON
- 4 573 mots
- 5 médias
Le diabète de type 2 (résistant à l’insuline) ou la goutte sont des pathologies qui sont communément appelées auto-inflammatoires. Elles résultent de la présence accrue et chronique d'un stimulus, le sucre dans le cas du diabète, les cristaux d'acide urique dans le cas de la goutte, capables d'initier... -
RHUMATOLOGIE
- Écrit par André-Paul PELTIER
- 6 170 mots
La goutte, reconnue depuis Hippocrate, est le chef de file de ce type d'arthrites. Elle relève d'un trouble du métabolisme des purines qui entraîne en permanence une élévation du taux d'acide urique dans le sérum (hyperuricémie). Cette hyperuricémie conduit à son tour à la précipitation de l'acide urique... -
SYDENHAM THOMAS (1624-1689)
- Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
- 457 mots
Médecin anglais, Sydenham restaura les principes hippocratiques de la médecine. Fidèle soldat de Cromwell, la défaite des royalistes le rend à la vie civile en 1646. Il étudie alors la médecine à Oxford et, après une interruption due à la reprise de la guerre civile, il obtient ses grades de docteur....