- 1. Historique des maladies à vecteurs
- 2. Caractéristiques de la transmission vectorielle d'une maladie
- 3. Le rôle du vecteur dans la transmission vectorielle
- 4. Les principales maladies à vecteurs
- 5. Stratégies de lutte contre les maladies à vecteurs
- 6. Maladies à vecteurs et changements climatiques
- 7. Bibliographie
MALADIES À VECTEURS
Caractéristiques de la transmission vectorielle d'une maladie
Au contraire des zoonoses – qui, selon leur définition stricte, sont des infections transmissibles directement par l'animal à l’homme (et vice versa) –, une maladie à vecteur exige une transmission indirecte à l'homme de l'agent pathogène, et cela par l'intermédiaire obligé d'un vecteur. Le cas historique de la fièvre jaune permet de préciser la singularité des maladies vectorielles.
La fièvre jaune débute brutalement par une forte fièvre, suivie de signes cliniques liés à une atteinte hépatique (ictère infectieux), rénale (insuffisance rénale aiguë) et digestive (hémorragies abondantes, le vomito negro des anciens auteurs). La mort survient dans 20 à 50 p. 100 des cas avérés. Jusqu'à l'introduction d'un vaccin vers 1935, cette maladie a dévasté les zones côtières tropicales de l'Afrique et de l'Amérique jusqu'en Floride. Le rôle de la navigation dans la propagation de la fièvre jaune a entraîné des quarantaines très strictes. Comme on croyait à une transmission du « microbe » d'homme à homme, les autres mesures de prophylaxie reposaient sur la désinfection des locaux et des effets personnels des malades. Si, dès 1880, Finlay avait conclu à la transmission de la maladie par des moustiques, ses travaux ont été marginalisés pendant vingt ans par la recherche d’inspiration pasteurienne du « microbe de la fièvre jaune » (microbe de Sanarelli). C'est l'Américain Walter Reed (1851-1902) et son équipe qui ont démontré, en 1900, la transmission de la fièvre jaune par des moustiques à des sujets volontaires : l'agent de cette maladie était bien transmis par un moustique du genre Aedes (à l'époque appelé Stegomya) qui s'était infecté quelques jours auparavant lors d'un repas de sang sur un malade. Ce résultat fut confirmé presque immédiatement par des chercheurs brésiliens de Rio de Janeiro. Il n'y a pas de transmission d'homme à homme ni par les effets d'un malade. La prophylaxie a donc évolué immédiatement vers la destruction des Aedes en contact avec les malades et, donc, susceptibles d'être infectés et de devenir transmetteurs, et celle des gîtes naturels de ces moustiques. La biologie du vecteur, ici Aedesaegypti, se précise alors et explique le confinement de la fièvre jaune à certaines zones géographiques (caractérisées par leur température, leur humidité, etc.) qui constituent les écosystèmes naturel et urbain permettant au moustique de vivre et de se reproduire. Là où une population de ce vecteur ne vit pas de manière permanente, il n'y a pas de fièvre jaune persistante.
L'épidémiologie ultérieure met en évidence le rôle des activités humaines dans l'apparition des épidémies de fièvre jaune et la dissémination de la maladie. Au Sénégal et au Brésil, le virus infecte normalement des singes : ces animaux constituent le réservoir naturel du virus. Les moustiques assurent la circulation naturelle du virus entre singes. En Afrique, cette circulation s'opère dans la forêt dense humide et reste confinée dans la canopée, ce qui a pour conséquence une faible transmission vers l'homme. En bordure des forêts, en revanche, les insectes et les singes pullulent à certaines périodes. Or ces zones étant très cultivées (bananeraies) et très peuplées – et certains moustiques piquant également le singe et l'homme –, on assiste au glissement vers un cycle où le virus circule entre le moustique, le singe et l'homme. Cette cohabitation périodique est à l'origine de poussées épidémiques saisonnières. Dans la savane sèche, les populations conservent l'eau, du fait de sa rareté, dans une multiplicité de récipients dans lesquels Aedespullule. La cohabitation de singes infectés et d'[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
Classification
Médias
Autres références
-
ACARIENS
- Écrit par Jean-Louis CONNAT et Gabriel GACHELIN
- 6 631 mots
- 2 médias
...La première, rencontrée essentiellement dans les zones tempérées, est une infection bactérienne dont les atteintes chroniques peuvent être redoutables. Elle est propagée par les tiques qui transmettent, lors d'un repas sanguin, une bactérie de type Borrelia burgdoferi à l'homme et à d'autres animaux,... -
ANOPLOURES
- Écrit par Robert GAUMONT
- 1 022 mots
- 10 médias
Les poux sont les vecteurs du typhus exanthématique dont les épidémies sont toujours survenues lorsque la famine, les guerres ou l'emprisonnement contraignaient certains groupes humains à perdre leurs habitudes de propreté. L'agent infectieux est Rickettsia prowazeki, et il est bien établi... -
ARBOVIRUS
- Écrit par Claude HANNOUN et Jean-François SALUZZO
- 1 867 mots
- 1 média
Les maladies provoquées chez l'homme par les arbovirus sont assez variées. En fait, elles ont toutes en commun, après la contamination par piqûre et la période d'incubation, une phase initiale de « virémie » au cours de laquelle le virus est présent dans le sang, ce qui permet à de nouveaux arthropodes... -
BURGDORFER WILLY (1925-2014)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 434 mots
Wilhelm (Willy) Burgdorfer est un chercheur américain né à Bâle, en Suisse, le 27 juin 1925. Il est surtout connu pour avoir découvert en 1981 la bactérie responsable de la maladie de Lyme, une infection propagée par les tiques, un spirochète plus tard baptisé Borrelia burgdorferi en...
- Afficher les 44 références