- 1. Historique des maladies à vecteurs
- 2. Caractéristiques de la transmission vectorielle d'une maladie
- 3. Le rôle du vecteur dans la transmission vectorielle
- 4. Les principales maladies à vecteurs
- 5. Stratégies de lutte contre les maladies à vecteurs
- 6. Maladies à vecteurs et changements climatiques
- 7. Bibliographie
MALADIES À VECTEURS
Maladies à vecteurs et changements climatiques
L'étude historique et écologique des maladies à vecteurs montre le rôle essentiel de l'action humaine dans leur émergence puis dans leur dissémination. On retrouve ici un trait bien connu pour de nombreuses maladies émergentes : toute action humaine sur un environnement fait courir le risque de révéler ou d'amplifier une pathologie latente ou ignorée. Ainsi le reboisement en Amérique du Nord, qui s'est traduit par une prolifération de cervidés, donc de tiques vivant sur ces cervidés, a entraîné une explosion de maladies à tiques (dont la maladie de Lyme) chez les humains travaillant dans ces zones. Les situations épidémiologiques des maladies à vecteurs sont en évolution permanente, sous l'influence majoritaire du rôle de l'eau en agriculture, des grands travaux (en particulier des barrages), des transports, du développement de l'élevage et de l'agriculture en général, et enfin de l'urbanisation sauvage en zone intertropicale.
Le réchauffement climatique va-t-il contribuer à une instabilité accrue de l'épidémiologie des maladies à vecteurs ? Sur le plan théorique, c'est possible ; mais il serait bien hasardeux d'aller plus loin et de proposer des modèles. La question est plutôt celle de l'importance relative de ce nouveau facteur par rapport à tous ceux qui déterminent déjà la transmission vectorielle d'une maladie. Cependant, le déplacement des populations de vecteurs peut être une indication en ce sens. Leur répartition géographique va probablement se modifier. Un léger réchauffement climatique pourrait cependant se traduire par un développement de la leishmaniose humaine en France, alors que l'existence de la maladie chez le chien (réservoir) est déjà bien établie. Toutefois les populations d’Aedesalbopictus, vecteurs du virus du chikungunya, n’ont pas attendu le changement climatique et ses éventuelles conséquences pour occuper de nouvelles aires géographiques. Le commerce a joué un rôle essentiel pour rendre sa distribution géographique cosmopolite et créer les conditions d’une endémicité du chikungunya là où la maladie n’existait pas il y a trente ans. Le développement en Europe de la maladie de la langue bleue, partie d’Afrique et envahissant l’Europe continentale avec un détour par la Grande-Bretagne, ne constitue pas non plus un exemple de propagation de maladie liée à des modifications climatiques : il s'agit de changements de vecteur et d'une évolution moléculaire du virus. Sur le plan historique, il est possible de retracer la migration du paludisme à Plasmodium falciparum depuis les savanes africaines jusqu'à Carthage puis en Italie, cela sur une période d'environ 7 000 ans pendant lesquels les climats locaux ont beaucoup varié. Ces variations climatiques ont-elles joué un rôle plus important que le commerce transsaharien, l'établissement de l'agriculture ou les guerres puniques ? C'est impossible à établir, car le caractère multifactoriel des maladies à vecteurs limite les analyses tant pour le passé que pour le présent.
Mais il est évident que l'établissement d'un vecteur dans une nouvelle zone géographique, qui peut être lié à une modification de l'écosystème lui-même, laquelle dépendrait éventuellement d'un changement climatique, doit être surveillé. Des structures de surveillance des insectes existent en France et dans les départements d'outre-mer, où elles sont gérées en particulier par l'Institut de recherche pour le développement. Des structures semblables existent dans de nombreux autres États, ainsi qu'à l'échelle internationale sous le contrôle de l'OMS. Cependant, le manque criant d'entomologistes médicaux, seuls spécialistes capables d'avoir une appréciation de l'ensemble de ces problèmes,[...]
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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